dimanche, mars 06, 2011

Air du temps

C'est la fin de la saison des clémentines. Mais après un hiver révolutionnaire sur l'autre rive de la Méditerranée, là d'où viennent souvent ces succulentes clémentines, de quoi aura l'air notre printemps européen? Qui sait... En tout cas, une chose est sûre: si les statistiques sont la météo des révolutions, la vague de contestation pourrait traverser la Mare Nostrum.
Chômage? Explosif. Pauvreté? Endémique. Mécontentement? Evident.
Oui mais voilà, la contestation aurait trouvé des relais là où elle sera la moins bien portée. Selon un sondage réalisé par l'institut Harris Interactive pour Le Parisien, Marine Le Pen arriverait en tête du 1er tour des élections présidentielles, s'il avait lieu dimanche prochain, et si les candidats des "deux grands partis" (PS et UMP) étaient Martine Aubry et Nicolas Sarkozy. Et si, aussi, la campagne avait réellement commencé. Et si, encore, il était assuré que ce soit ces personnalités qui se présentent. Et si, et si, et si...
La liste des "si" en dit déjà long sur la valeur même de ce type d'exercice. Trop d'inconnues obligent à la mettre en question. S'il est inquiétant de voir que la nouvelle star d'extrême-droite gratifiée de tant de succès, c'est plutôt sur la stratégie des médias qu'il faut s'interroger. A quoi sert, aujourd'hui, de faire monter la peur en agitant ce blond épouvantail?
Sans doute, justement, à désamorcer la contestation qui croît. Car pendant ce temps, nul n'aborde les questions de fond... Le chômage et ses causes, la pauvreté et ses conséquences... Qui furent les ingrédients de la montée d'autres partis xénophobes à des époques plus anciennes.
Retour, alors, sur l'Histoire. En 2002, Dominique Strauss-Kahn, invité par des étudiants de Sciences Po, expliquait dans l'amphi Boutmy: "je ne comprends pas, dans les autres pays européens, l'alternance se passe bien"... Ah, la belle affaire. La Gauche venait de se faire balayer, mais au lieu, déjà, de s'interroger sur les causes de cet échec, lui ne voyait qu'un petit accroc dans le tissu démocratique. C'était pourtant déjà une déchirure profonde entre un peuple qui n'avait pas eu le sentiment de voir ses aspirations assouvies (revalorisations salariales, créations d'emplois, fin des "affaires", amélioration du niveau de vie...) et un gouvernement qui s'était satisfait de mesures se fondant sans problème dans le moule néo-libéral. Que ne contestait pas un DSK, qui allait d'ailleurs devenir grâce au soutien sans faille de Nicolas Sarkozy, Directeur du FMI.
Premier problème donc: à quoi sert de voter à Gauche si elle ne relaie pas la contestation sociale? si elle ne répond pas aux aspirations populaires?
Ce serait malheureusement trop beau de s'arrêter. Car il y a un sacré problème: l'abandon de "l'idée européenne". Certes, certains diront: "l'Europe sociale n'existe pas" (à lire: http://www.medelu.org/spip.php?article227). Si l'argumentation de ces auteurs est très étayée, admettons que l'on puisse contester leur thèse fondamentale: l'Europe n'est pas un produit de la classe dominante pour enfoncer les plus pauvres. Reconnaissons cependant que le rapport de forces ne joue aujourd'hui pas en la faveur de la classe travailleuse. D'où le deuxième problème: que voulons-nous faire de l'Europe et quel est le projet européen des dirigeants. Aïe. Ce qui se passe en Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal, en Roumanie... n'est pas de bon augure. Mais de nouveau, ce n'est pas en ayant comme proposition essentielle soit une sortie de l'Europe - comme la nouvelle blonde égérie des démons racistes le professe - ou en gobant l'idéologie dominante - comme le Docteur Maboul du FMI la développe que l'on pourra s'en sortir. Là encore, plus que des sondages, des débats de fond sont nécessaires. Qui obligeraient cependant à montrer que certains, comme DSK et Sarko, n'ont pas de vision fondamentalement différente. Et si, c'était là, une troisième raison de ces sondages administrés sans cesse: éviter les questions qui fâchent.
C'est la fin de la saison des clémentines. "Un jour pourtant, un jour viendra, couleur d'orange..." prédisait Aragon. Le soleil brille mais l'humeur est grise. Par chance, un temps arrive, celui des cerises. Gagnera-t-il la rue?
http://www.deezer.com/listen-6098129


Libellés : , ,

jeudi, avril 03, 2008

Fatigué

La fatigue commence à se faire sentir. Il est l'heure d'aller se coucher. Et pourtant, je n'ai pas terminé la moitié de ce que je devais faire.
Tout ça parce que je suis allé à la réunion des copropriétaires. Ah ça, on y passe du temps. Pour, contre... J'avais déjà raconté tout l'an passé. Et cette fois encore, en quatre heures, nous avons fait le tour de la copropriété. Et cette fois encore, ce fut parfois énervant. Exemple: les voisins sont contre la barrière qui bloquent l'entrée des voitures dans la cour... Certes: mais surtout ceux qui ne dorment pas côté cour. Mais les autres, plus nombreux, ont moins de voix dans la coprop'. Alors du coup, les voitures vont continuer à sortir à 2 ou 3 heurs du mat'.
Bon, enfin, à part ça tout va bien: le cabinet qui gère l'immeuble a pris 3,58% d'augmentation de frais de gestion (pas mon salaire), 3% sur les frais pour le suivi des travaux à venir. Et à mon avis, notre cher responsable du cabinet au moins 3 kg depuis l'année dernière.

Libellés : ,

vendredi, février 29, 2008

Actualisation

Voilà un sacré bout de temps que le calamar, la tête sous l'eau, n'avait pas pris le temps de rédiger quelques lignes. Autant dire que ce blog risquait d'être envahi sous les eaux professionnelles et donc peu propices au libre cours des pensées. L'avantage d'un vendredi soir passé dans son nid douillet, c'est que l'on peut vaquer à différents activités habituellement mises de côté. Calamar, lui, a choisi de reprendre du clavier de ses petites pattes musclées. Dans les histoires à compter, certaines ne se racontent pas sur un lieu public. Donc, tant pis pour les anecdotes professionnelles. En revanche, donner des nouvelles à Davy Crockett et sa Mary, ainsi qu'à Davy Crockett Jr., dit aussi Victor, partager une humeur avec Clairounette et Sylvano, dire deux ou trois mots à Soeurette qui, entre deux entretiens et préparations de cours, trouve un peu de temps pour s'égarer ici, voilà ce à quoi le blog sert. Servir des humeurs sans suite.
Ce soir, c'est notre très vénéré Président qui m'inspire. Tout le monde a remarqué ses qualités d'orateur lors de discours divers et variés. Ou apprécié ses capacités à répondre aux journalistes au cours de conférences de presse diverses et variées. Ou encore, noté son audace majeure, celle qui a consisté à "relancer" l'Europe, prétendument en panne, alors qu'en fait, le processus décisionnel ne se portait pas si mal que ça - et ce n'est pas moi qui le dit, mais un groupe de farouches défenseurs du "Oui" au Traité constitutionnel de 2005 (par là). Référendum qu'il, le très vénéré, a soigneusement balayé d'un revers de manche sacrément méprisant en faisant passer, en douce, un traité "simplifié" qui reprend tout ce que les Français avaient refusé deux ans plus tôt. Mépris n°1.
Le tout-puissant ne saurait s'arrêter là. Lorsque l'Institution suprême de notre République, le Conseil Constitutionnel, retoque la loi qu'il souhaite faire passer - car, contrairement à sa promesse électorale de redonner du pouvoir d'achat aux français, il est des lois qui doivent, à ses yeux, lui rapporter plus - il décide là-encore de passer outre en demandant à l'institution concurrente... de proposer une façon d'appliquer la loi, coûte que coûte. Mèpris n°2. Celui des institutions, de la Constitution, et aussi du peuple qui a, en ce Conseil Constitutionnel, le garant de la Constitution, donc le garant du bon équilibre des pouvoirs dans la société (pour aller vite).
Jusqu'alors, effectivement, les mépris n'étaient formulés que dans une parole saine, qui se tenait. En langage châtié. Puis, la liste pourrait être allongée: culture, laïcité, éducation, mémoire etc., peu à peu, toutes les sphères sont touchées. Mais voilà, peu à peu, ce même tout puissant révèle son vrai visage: mépris, bien entendu, accompagné d'une bonne dose de mauvaise foi, comme le révèle les vidéos ici présentes (un clic et ops!). Une fois de plus, il réussit à faire parler de lui. Le problème, c'est qu'au lieu de résoudre les problèmes des Français, à toutes les échelles, et quelque soit le moment, il révèle la seule chose qui l'intéresse: la conquête du pouvoir, qui vire chaque jour un peu plus au déni de démocratie. Ce qui ne manque de rappeler les plus troubles périodes de l'histoire.

Libellés : ,

vendredi, février 22, 2008

Raul Paz, hors des cases et loin des clichés

En vivo est un opus plein de vie où les cuivres et les percussions renforcent l’atmosphère chaleureuse, souvent entraînante, qui se dégage de chaque album de Raul Paz. Au cours d’un séjour pour quelques concerts à Cuba, l’artiste a enregistré cet album « best of ». Inattendu, tant les clichés qui circulent sur l’île sont nombreux. Qui eût dit, en effet, qu’il puisse s’y produire, lui qui a été persona non grata pendant quelques années ? Et pourtant, il en revient avec cet album ébouriffant. Un comble sans doute, pour ce chevelu poète. Ou alors le témoignage d’une société qui s’ouvre comme le laissent à penser ses commentaires dans le DVD du coffret. Lui qui refuse les cases, en musique comme en politique, semble prouver au moins une chose : l’ouverture musicale est possible. Et si l’art révélait l’état d’une société ?

Pourquoi avoir enregistré ce CD à Cuba ?

Raul Paz. Depuis des années, je représente une certaine cubanité : je fais une carrière européenne en tant que « chanteur cubain ». Or, depuis quinze ans, je n’avais pas pu jouer à Cuba pour différentes raisons. C’était un besoin : fermer la boucle en jouant à la maison. Au même moment, le ministère de la Culture cubaine m’a invité à m’y produire sur scène. J’ai convaincu tout le monde, la maison de disques, le producteur, etc. Un an et demi après, nous y étions !

Vous n’aviez jamais « pu jouer à Cuba, pour différentes raisons ». Lesquelles ?

Raul Paz. Cuba est un pays différent. En général, je n’aime pas trop parler de politique. Quand je suis parti étudier en France, j’ai été considéré comme persona non grata sans savoir pourquoi. Du coup, je suis rentré dans une espèce de « mécanisme diabolique » : d’abord je n’avais plus le droit de rentrer, puis j’ai eu le droit d’y aller en touriste. Et pour ce concert, malgré la proposition du ministre de la Culture, je n’avais pas de permis pour y jouer officiellement. Nous avons dû effectuer des démarches : ça a mis un peu de piment ! En tout cas, je n’allais pas à Cuba pour faire de la politique.

Aujourd’hui, vous y retournez en touriste ?

Raul Paz. Oui ! Mes parents y vivent. Et je peux y aller deux fois dans l’année.

Est-ce pour cela que vous ne voulez pas vous exprimer sur Cuba ?

Raul Paz. Non ! Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression de ne pas pouvoir m’exprimer comme je veux. On n’en est plus là ! Mais je ne veux pas rentrer dans une polémique. Depuis cinquante ans, Cuba vit divisé en deux : ceux qui sont pour, ceux qui sont contre. Cette division n’a servi à rien, sauf à faire couler de l’encre aux journalistes ! Ce qui ne nous a pas beaucoup aidés, sinon à nous éloigner chaque fois un peu plus les uns des autres. Tu es bon ou mauvais, pro-Américain ou pro-Fidel… On entre dans des cases que je déteste. Cuba est un pays plein de paradoxes, c’est comme ça qu’il faut le vivre. Ce serait plus honnête de discuter de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas. On nous a enlevé des choses à Cuba, mais on nous en a appris d’autres. J’appartiens, je pense, à une génération qui ne vit plus dans cette polarité « pour ou contre », qui n’en a plus envie.

Quelle est la musique cubaine aujourd’hui ?

Raul Paz. Je suis arrivé en France en pleine « Buena Vista Social Club-mania ». D’une façon un peu rebelle, un peu naïve, j’ai tout fait pour m’en démarquer, pour révéler d’autres facettes musicales de mon pays, pour montrer que j’appartenais à une jeunesse qui avait d’autres façons de voir la musique, hors des cases, de voir la vie même. À Cuba, même si la jeunesse est parfois interdite de certaines choses, elle produit des créations très intéressantes. Au niveau musical, par exemple, La Havane a un festival de rap, un autre de rock. C’est là que j’ai connu la musique électronique faite par des Cubains, à dix-sept ans - en pleine période spéciale, quand c’était le plus dur ! J’ai été accusé de ne pas être cubain, ou pas vraiment cubain. Au début, je ne trouvais pas de maison de disques car je ne représentais pas une image cliché ! Paradoxalement, une maison américaine a signé avec moi à cette époque.

Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons ?

Raul Paz. J’aime bien l’image du troubadour qui raconte des histoires, ce que sont la plupart de mes chansons. Je peux parler d’amour comme de solitude, de distance ou de joie… Elles racontent un quotidien qui révèle une façon d’être, de dire les choses avec beaucoup d’ambiguïté. J’aime beaucoup l’ambiguïté. Il n’y a pas une chanson plus ambiguë que Revolucion par exemple. Les pro-Cubains virulents, de France ou d’ailleurs, m’ont un peu accusé de faire une chanson anti-Cuba, et au même moment les Cubains en tournent un clip pour la télé. Ça me plaît que chacun se fasse sa propre idée de l’histoire, comme dans les livres de Cortazar.

La chanson conduit-elle à la réflexion ?

Raul Paz. Elle est un vecteur pour partager, communiquer, débattre et réfléchir. Je suis plus attiré par la réflexion que par le matraquage de ce qu’il faut croire ou pas. Ça m’amuse énormément que les Cubains prennent ma musique comme un acte patriotique et les autres comme un acte anti-cubain. C’est très bien comme cela. En jouant à Cuba, j’ai réussi à atteindre le public. C’est ce qui nous a manqué à Cuba : on nous a toujours enfermés dans des clichés, en tout cas ces dernières années. Nous sommes même parvenus à chanter des chansons comme Marijuana, qui ne parle pas seulement de drogue, mais aussi de la différence entre les êtres, de l’acceptation, etc. Certes, quand ils ont retransmis le concert à la télé, ils ont enlevé cette chanson comme une autre, Policia. Mais nous avons pu les jouer.

Cette censure dont vous parlez n’existe-elle pas dans toutes les sociétés ?

Raul Paz. Évidemment. Y compris dans celles dites des droits de l’homme, libres, etc. Elle est même extrêmement frappante depuis quelque temps. Voilà pourquoi quand il y a censure à Cuba, je ne veux pas l’utiliser et dire « vous voyez, ce sont des méchants ». Je ne suis pas là pour ça, mais pour réunir un maximum de gens, les faire réfléchir, et au moins leur donner un moment de communication pour que chacun fasse sa vie et que chacun ait le droit - qui nous a manqué plus que toute autre chose - de décider d’accepter ou de ne pas accepter.

Un chanteur doit-il être engagé ?

Raul Paz. Pas de la façon dont on l’entend « officiellement », d’un côté ou d’un autre ! Il doit être engagé avec soi-même, avec ce qu’il connaît, ses traditions. Nous ne sommes ni tout blanc ni tout noir, mais pleins de paradoxes. En tout cas, j’essaie d’être honnête avec moi-même.

Album En Vivo - CD-DVD Live, Naïve.

Entretien réalisé par Fabien Perrier

Article paru le 22 février 2008

Libellés : ,

vendredi, novembre 02, 2007

Youssou N’Dour, militant des causes justes

World . Dans son nouvel album Rokku mi rokka, le chanteur originaire du Sénégal se livre à une analyse de la société africaine, dans ses traditions et sa modernité.Youssou N’Dour sort un nouvel album, Rokku mi rokka (« prendre et donner »), et entame une série de concerts en France et à travers le monde. Cet artiste n’hésite pas à se servir de sa plume pour faire passer un message et livrer son point de vue sur l’état du monde. Rencontre avec un « militant des causes justes ».

Dans ce nouvel album, vous multipliez les références aux traditions. Quel regard portez-vous sur la modernité en Afrique ?
Youssou N’Dour. La société africaine est jeune. Elle a envie d’accéder aux choses modernes. Dans cette société, certaines visions de son peuple ont tendance à évoluer plus rapidement. Mais, dans la société africaine aussi, qui fonctionne d’une manière impressionnante, il y a des gens qui n’ont absolument pas besoin de cette évolution, qui sont vraiment contents. L’Afrique est complexe. Elle a une force : la solidarité. Par exemple, ce Peul que je chante habite dans le village ; il a tout ce qui lui faut et n’a pas besoin de tout ce que nous recherchons souvent, qui symbolise la réussite, l’enrichissement et plein de choses comme ça. Dans cette société, il est important de reconnaître qu’il y a des gens qui vivent simplement.

Dans Sportif, vous portez un jugement sur une société dans laquelle la concurrence est devenue une valeur puissante…
Youssou N’Dour. Le sport pour moi est un jeu. Là, je parle de la lutte, qui incarne la tradition sportive au Sénégal. Elle incarne aussi parfois l’esprit mystique. Mais quand un lutteur populaire perd, la rencontre peut dégénérer. Je chante pour rappeler que ce n’est qu’un sport. Il faut laisser de côté cet esprit de conflit. Tout peut devenir conflit : l’ethnie, la langue… Dans la musique que nous faisons, nous essayons de participer à la cohésion. La musique crée de la cohésion.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Youssou N’Dour. Je ne me souviens pas de comment partent mes notes, mes mélodies ou mes premiers jets de mots. Ça peut arriver n’importe où et n’importe quand. Et il y a un moment où je décide de développer ces idées. J’essaie de faire en sorte que la chanson soit vraiment bien structurée, en adéquation avec les musiciens et les instruments. Ce sont les mots qui nous parlent directement. Ce qui se passe chaque jour, dans notre société, donne des mots : les choses qui me plaisent ou qui me déplaisent. Mais ce n’est pas facile de parler de la société africaine aux Africains, et par la musique.

Votre message dépasse largement l’Afrique !
Youssou N’Dour. L’Afrique se parle d’abord entre elle : je pense que la musique permet aux Africains de se parler, d’avoir un langage. Ensuite, j’ai un message à faire passer aux gens qui ont une vision différente de l’Afrique. J’essaie de leur amener notre vision.

La musique doit-elle porter un message ?
Youssou N’Dour. Je crois que la musique peut porter un message. Par la musique, il peut passer plus rapidement, car on s’en lasse moins, contrairement aux discours que l’on entend une fois ou deux et ça suffit ! Une chanson, si elle a un message, peut vous changer les idées, et être quelque chose qui vous interpelle. Dans la mesure où la musique nous parle chaque jour, je crois qu’elle doit porter un message, pour le faire passer.

C’est revenir à défendre la chanson engagée ?
Youssou N’Dour. Oui. Mais la chanson engagée n’est pas seulement celle qui dénonce. C’est aussi celle qui vit la réalité, celle qui parle avec les gens, qui va dire « oui, ça nous le comprenons, oui, ça nous l’avons perçu ». Ce n’est pas seulement un discours de revendication, elle encourage les choses qui sont bien, dénonce celles qui ne le sont pas.

Chanter essentiellement en wolof, n’est-ce pas une entrave à la compréhension du message ?
Youssou N’Dour. Au début, c’était frustrant de chanter en wolof : je pensais que les gens n’entendaient pas directement ce que je disais. Mais nous chantons mieux dans notre langue. Et le public a aussi les disques et les interviews pour mieux comprendre ce que nous disons. Le français est perçu, chez nous, comme une langue de travail : pour l’école, les administrations… Dès le départ, ce n’est pas la langue que l’on peut utiliser pour parler de la tradition.

Que pensez-vous des déclarations de Nicolas Sarkozy sur « l’homme noir sorti de l’histoire » ?
Youssou N’Dour. Ce discours a été maladroit. L’Afrique a toujours trouvé des solutions à ses problèmes. La colonisation a mis toutes ces solutions dans les tiroirs. Elle nous en a imposé d’autres. Et je ne crois pas que le système mis en place par les colonialistes soit meilleur que le système qu’avaient trouvé nos ancêtres. Il faudrait que Nicolas Sarkozy et tous ceux qui sont dans son état d’esprit sachent qu’avant la colonisation il y a eu des solutions trouvées par nos ancêtres, qui eux aussi étaient des intellectuels. L’Afrique n’a pas besoin de recevoir des leçons de qui que ce soit. Je crois que nous avons nos voix, nos porte-voix pour parler.

Vous êtes ambassadeur de bonne volonté pour l’UNICEF. Comment concevez-vous cette fonction ?
Youssou N’Dour. C’est important que de défendre le droit des enfants, la justice, d’encourager l’UNICEF, cette branche des Nations unies. Cette fonction colle toujours à mon métier, à ma passion : la musique. Les gens comme nous, les artistes et les hommes publics, faisons passer le message rapidement.

Chanteur engagé, ambassadeur pour l’UNICEF, à la tête d’un groupe de presse… Il ne vous reste plus qu’un pas à franchir, celui de la politique ?
Youssou N’Dour. Non, ça ne m’intéresse pas ! Ce n’est pas une vocation, pas une possibilité. Je pense que ce qui est une possibilité, c’est de participer à l’évolution de l’Afrique en général et au Sénégal en particulier. Je pense qu’en Afrique, au Sénégal, d’éminentes personnalités économiques et sociales peuvent jouer des rôles. Mais les rôles des uns et des autres se complètent et je ne me vois pas faire de la politique.

Finalement, vous êtes un artiste militant ?
Youssou N’Dour. Je pense. La musique est une force. Je suis un militant des causes justes.

Entretien réalisé par Fabien Perrier

Un album tout en finesse

Youssou N’Dour nous livre onze chansons qui décryptent l’actualité, analysent la société africaine, s’intéressent à la tradition et à la modernité. Il ouvre les yeux sur le sport et l’usage pervers qui en est fait (Sportif), il décrit les comportements des peuples nomades (Paolo Ardo), qu’il oppose au Toucouleur qui change d’attitude parce qu’il a soudain de l’argent (Sama Gammou). Chantre de la tradition, Youssou N’Dour s’engage incontestablement avec Rokku mi rokka (Prendre et donner) intégralement en wolof.

F. P.

Articles parus le 2 novembre 2007

Libellés : ,

jeudi, novembre 01, 2007

Un mois déjà... Ou le souvenir de Chips...

Voilà un mois que je n'ai pas laissé de post sur ce blog. Certains, accros (oui oui, j'ai mon fan club ;-)) continuent de visiter régulièrement ce lieu. En quête d'information sur ma petite personne car il est vrai qu'en ce moment, je ne vois plus grand monde. Vélo, boulot, dodo: tel est mon quotidien. Routinier. Un brin fermé.
Vélo, boulot, dodo: ça sonne calme, sage. Alors qu'au contraire, de calme il n'y a point.
Vélo, boulot, dodo: ça sonne écolo, rigolo. En fait, ça devient chérot... Même après le "Grenelle de l'environnement", il n'est pas bien vu de préférer les transports respectueux de l'environnement aux puissants 4x4, polluants, étouffants, envahissants, inquiétants, agaçants. Quotidiennement, pour aller gagner ma croûte, j'enfourche mon petit vélo. Il connait le chemin par cœur, prend les pistes cyclables. Aller le matin, retour le soir. Rien de plus classique, en somme. Comme mes journées sont longues, et mes nuits courtes, je profite parfois de ces écologiques temps de transport pour passer un ou deux coups de fil. Rapidement. Sur la piste cyclable, j'insiste. Téléphone en main gauche, main droite prêt à actionner le frein, je pédale au ralenti. Lorsque, mardi soir, vers 21h.15, John et Ponch, les deux acolytes sur le fidèle destrier motorisé s'arrête à mes côtés. Un instant, je me suis pensé dans Vidéogag, sans trop rire. Puis, j'ai compris que c'était vraiment Chips... et que j'allais bel et bien me prendre une prune, et une leçon de morale, bien sûr.
Oui les Amis. Les caisses de l'Etat sont vides, le Président s'alloue une augmentation sans commune mesure, la planète court à sa catastrophe en laissant proliférer 4x4 et autres gros consommateurs de pétrole, un gouvernement entier va jouer dans un Sarko-show corse, aux frais du contribuable et en dégageant une bonne dose de kérosène pour un aller-retour médiatique (accompagné de la nouvelle ORTF), ce même gouvernement vient nous expliquer à quel point il faut réduire les dépenses de CO2 mais les attaques envers les vélocyclistes, sauvages bien que règlementaires, augmentent sans cesse. Elles ont quelques avantages: en cette période électorale - les municipales approchent - décontenancer les Parisiens qui plébiscitent les Vél'lib et les vélos, donner l'illusion que l'on lutte efficacement contre l'insécurité routière - à propos, où ai-je lu que les plus gros excès de vitesse étaient commis par les membres de notre cher (sens financier, s'entend) gouvernement? - et remplir un peu plus les caisses de l'Etat - qui ont du mal à se renflouer malgré les ventes de quelques biens ou bâtiments nationaux (cf. l'Imprimerie Nationale). Sérieusement, quand je pense que John et Ponch sont maintenant rémunérés pour surveiller les pistes cyclables, confortablement assis sur leur BMW blanche, ornée des couleurs de la République, je me dis que je tiens peut-être les ficelles pour un scénario entre Les Gendarmes à Saint-Tropez, Chips et Les Ripoux.

Je deviendrai même milliardaire? Ben tiens, au moins, je pourrais sans problème payer les amendes que je récupère à la moindre effraction. Ah, j'oubliais, pendant ma discussion avec John et Ponch, trois scooters ont grillé des feux rouges, trois 4x4 sont passés en téléphonant au volant, et une petite Twingo a grillé consciemment le feu où nous étions stoppés. Ah, j'oubliais aussi, John et Ponch m'ont bien sûr expliqué qu'ils m'arrêtaient pour protéger autrui et ne pas l'escorter par ma faute aux urgences. C'est vrai, avec le 4x4, autrui n'aurait sans doute même pas eu besoin d'y aller. Mais les chauffards, eux, n'ont rien eu à payer. Ils sont électoralement plus rentables?

Libellés : , ,

vendredi, juin 22, 2007

« La France, dans sa diversité, est un acquis irréversible »

Album. Avec la France des couleurs, Idir livre une réflexion musicale sur le pays. Un produit aussi surprenant qu’indispensable.
Le signe distinctif des grands créateurs, c’est peut-être de surgir et de ravir là où on ne les attend pas. Cela vaut aussi en musique. 1973 : le Kabyle Idir se fait connaître en chantant A Vava Inouva, une belle berceuse sur l’exil et la terre natale, qui va faire le tour du monde. Quelques albums et prises de position plus tard, Idir crée de nouveau la surprise en 1999 : il s’entoure de chanteurs d’horizons divers (Maxime Le Forestier, Manu Chao, etc.) qui enregistrent avec lui ses chansons ou des compositions nouvelles sur un très bel album, Identités. Entre tradition et modernité, l’opus présentait une réflexion musicale sur les mélanges, les rencontres, les évolutions qui constituent et façonnent les identités.
Quelle innovation pouvait donc trouver maintenant celui que les médias hexagonaux surnomment tour à tour « le sage », « le phénomène de la musique » voire « la figure du commandeur » ? Tout simplement, émouvoir en chantant que « la France des couleurs défendra les couleurs de la France », phrase qui a donné son titre au CD et qui revient en leitmotiv dans cet album-concept. « En musique, j’ai voulu dire merci à ce pays qui m’a adopté », explique Idir. Et de poursuivre : « À l’heure où l’on mêle immigration et identité nationale, où l’on propose de mettre des drapeaux pour affirmer que l’on est français, je fais passer l’idée que la France d’aujourd’hui, dans sa diversité, est un acquis irréversible. » Ce point de vue, sa musique le reflète. Diversité des rythmes d’abord : rap, slam, pop, chanson, reggae ou R’n’B sont les ingrédients de ce savoureux cocktail mélodique. Mélange des langues ensuite : français, kabyle ou langues africaines offrent des sonorités variées. Brassage des générations et éclectisme dans le choix des artistes, encore : de Tiken Jah Fakoly à Grand- Corps Malade en passant par Jean-Jacques Goldman, Nâdiya, Leslie, Disiz la Peste, ou Yannick Noah, ce sont plus d’une trentaine d’artistes qui viennent mêler leurs voix ou leurs instruments à ceux d’Idir. Étonnement enfin, dans la France des couleurs, avec la participation de Zinedine Zidane et de quelques autres joueurs de l’équipe de France de 1998. « La victoire de la Coupe du monde a été une parenthèse, mais elle a donné un élan irréversible à la France d’aujourd’hui. Ces joueurs continuent à donner l’exemple de cette France unique, et peut-être que la France des couleurs a été inspirée inconsciemment de ce que cette équipe a offert au pays », justifie le chanteur. Entre hommage à cette France de la diversité et dénonciation de certaines pratiques comme les expulsions (dans Mama : « Ma terre a expulsé mon père [...] mais qu’a fait l’homme du ministère »), ce petit joyau de dix-sept titres hautement symboliques constitue presque un manifeste politique. Sourire aux lèvres, Idir rétorque : « C’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu qu’il sorte pendant la campagne. » Mais il reconnaît que « l’artiste est un témoin de son temps. C’est la main qui peut caresser, le doigt qui peut accuser, la posture dans laquelle il peut déplorer voire condamner des choses ». Avec la France des couleurs, il fait passer un message riche et généreux. Il y a des sages que l’on devrait plus écouter... et plus entendre.
CD : La France des couleurs. Idir, Sony BMG.

Libellés : ,

jeudi, juin 21, 2007

La Complainte des Forestiers...

C'est une complainte et une réflexion, celle de ces forestiers d'Amérique du Nord. C'est une réflexion en chanson. Qui déferle depuis dix ans sur les plages de Capbreton. Et qui déferle parfois dans les pages des meilleurs journaux. Comme ici, ou là. Qui déferle aussi sur le net, bien sûr, et vous n'avez que l'embarras du choix: un petit clic par-ci, un autre par-là, à moins que vous ne préfériez ici ou encore . Ou enfin, une petite recherche Google. Voilà ce que ça donne: "Résultats 1 - 10 sur un total d'environ 21 900 pour déferlantes francophones". IN-CON-TOUR-NA-BLE. Tel est le mot.
Tout ça pour vous donner un avant-goût de ce qui va se passer bientôt... Répétons. Un festival, c'est un paquet d'ingrédients amoureusement choisis et mélangés. Une dose de bonne humeur. Et un paquet d'humour. Le tout dans l'harmonie. Un peu comme un journal finalement. Je vous invite de nouveau à acheter celui dont l'image apparaît (ci-après) parce que l'interview avec les Têtes raides vaut vraiment le coup... Sans compter le reste! Chanson, réflexion et politique sont-elles étroitement mêlées?
J'aurais tendance à penser que oui. Que la chanson est un vecteur accessible à tous et qu'elle porte des messages directement compréhensible. Qu'elle fait passer les plus beaux messages, les joies comme les peines. Qu'elle fait penser en sussurant aux oreilles. A vous d'écouter, et de juger.

Libellés : , , ,

lundi, juin 11, 2007

Boire un petit coup c'est agréable...

Tout le monde connaît la chanson de fin de repas "Boire un petit coup c'est agréable, boire un petit coup, c'est doux." Et tout le monde connaît aussi la "morale": "mais il ne faut pas rouler dessous la table"... Tout le monde le sait.
Désolé, alors, de parler encore de Sarkovodka. C'est un sujet, visiblement, qui préoccupe un bon nombre de bloggueurs (comme ici) et, enfin, de journaux en ligne (ici par exemple ou encore là et surtout l'excellente "Rue 89"). Enfin, car il est temps... La télé belge a sorti l'affaire depuis quelques jours, et sans l'influence des blogs, sans doute, dans un pays où Lagardère et confrères sont possesseurs de médias, personne n'aurait évoqué l'affaire...
Regardez, mais surtout, allez jusqu'au bout. Pour remarquer les gestes, le regard, les hésitations. Ecoutez bien la réponse à Daniel Vernet...
Voilà comment la conférence de presse a commencé:


Conférence de presse Sarkozy-Poutine

Vous avez bien entendu et regardé? A 30 secondes du début, Nico fait un petit rot. En langage BD, on aurait écrit: "sans agressivité! Hips!".
Réchauffement climatique

Sarkozy et le Darfour

Sarkozy et la diplomatie directe

C'est celle-là qui me sidère le plus, je crois. Comment a-t-il pu oser répondre de la sorte? Quel est le message? Le contenu? La liberté d'un Chef de l'Etat? Depuis quelque temps, dans l'hexagone, nous avons l'impression qu'elle remet vraisemblablement en cause celle des médias. Qui aura le courage de surfer sur le net constatera que le traitement que les télés ont fait de cette conférence de presse refléte bien peu la réalité...
Certains disent que ce sont les défenseurs du Président qui ont mis l'intégralité de la conférence en ligne. Elle est censée révéler à quel point son discours, son argumentaire sont construits et ses propos cohérents. Ah bon? Il semble qu'elle l'accable plus encore. Ce qui est fort peu rassurant sur l'envergure de Sarkozy, sa capcité à se maîtriser. Un seul exemple: la réponse à la question de Daniel Vernet pose problème. Tout comme le comportement du Président dans son ensemble. Il apparaît que quelque chose ne va pas: ses mots, sa gestuelle, sa façon de scander les phrases ne sont absolument pas les mêmes que d'habitude. Surtout, le sens reste mystérieux. D'aucuns disent qu'il est essouflé. Pourtant, tout le monde a en tête cette image d'un Président qui coure, qui effectue ses joggings avec entrain et agilité, bref, d'un sportif à tout épreuve.
D'un seul coup, il déconstruit lui-même cette image idyllique qu'il voulait donner de lui. Malheureusement, la Chambre est déjà bleue...
Alors que s'est-il réellement passé? Et surtout, pourquoi les médias n'en ont-ils pas parlé?

Libellés : , ,

dimanche, juin 10, 2007

Quand notre cher Président en prend pour cher...

Je vous assure que Calamar s'apprête à passer une mauvaise soirée, une mauvaise semaine, puis un mauvais mois, et même une mauvaise législature. Il faut dire que Sarkoff a obtenu un sacré score aux Présidentielles, qu'il s'est ensuite bien débrouillé en matière de communication pour faire croire que la Gauche et la Droite sont "compatibles" et, conséquence, que les petits partis sont morts. Tout ça ne fait pas rire. Bref, la législature s'apprête à être dure et peu drôle. Voilà pourtant ce que l'on a pas vu en France, ni sur TF1, ni sur France 2, ni sur France 3. Pas la moindre dépêche AFP non plus. J'ai regardé sur France 24, là non plus: rien. Niet en langage vodka. Que se passe-t-il donc dans les médias? Sans doute une coalition des grands démocrates. Enfin, j'imagine...
En tout cas, c'est drôle. Quoi que. Drôle n'est peut-être pas le mot exact. Etonnant. Un brin inquiétant. Voire choquant. Jetez un coup d'oeil...


Cela vaut bien un nouveau libellé: Radar et alcootest. Qui eût cru qu'un jour, notre Très Cher Sarkovodkof se ferait flasher? C'est comme l'arroseur arrosé. De vodka, à bon entendeur...

Libellés : , ,

dimanche, mai 06, 2007

1er mai...

Maintenant que les résultats sont tombés, je vous explique ce que j'ai fait le 1er mai. En vidéo. Enfin, montage audio / photos. Je n'étais pas tout seul. Accompagné par la Jeune Garde. La Relève. Et ça m'a fait du bien.


C'était une très belle manifestation. Dommage que le PS avait organisé un rassemblement à Charléty au même moment. Sinon, la France est à droite. Enfin, voilà quoi.

En fait, ce qui me rassure, c'est de savoir que dans les manifestants, il y avait beaucoup de jeunes. Beaucoup beaucoup. Ce qui m'attriste, c'est de voir qu'ils n'ont pas tous le droit de vote. Nous n'avons pas gagné. Pas encore.

Hasta la Victoria siempre! El Pueblo unido jamas sera vencido!

Libellés : , ,

Réfléchissez avant de voter...

C'est sans doute trop tard... Mais mieux vaut tard que jamais. Et puis, autant en profiter pendant que l'on peut encore dire et montrer ce que l'on pense. Une analyse psychanalytique des discours de Sarkozy.


Gerard Miller analyse Sarkozy
envoyé par da93

Libellés :

lundi, avril 30, 2007

La peur au ventre

Je commence par une précision. J'ai reçu un mail dernièrement dans lequel, en gros, on me disait, comme à d'autres, que la Gauche anti-sarkozyste agissait de façon douteuse envers le Sarko. Par douteux, j'entends qu'elle verserait dans l'antisémitisme en assimilant, sur des affiches, Sarko à l'image trop souvent vue du Juif qui s'enrichit et part à la conquête du monde. Ce type d'assimilation est choquant. Ce n'est cependant pas LA Gauche anti-sarkozyste qui mène cette campagne, mais un blog où s'exprime qui veut.
En revanche, je viens de trouver sur un autre blog un livre qui fait peur, parce qu'il s'agit de chiffres truqués. Et plus encore que le livre, c'est le refus de publication de ce livre qui fait peur. Michalon devait publier le manuscrit du vice-président au tribunal de Paris et président de la 12e Chambre correctionnelle Serge Portelli, Ruptures. Il ne le fera pas. Vous trouverez les explications ici (ici) et là (là). , vous trouverez même le livre non publié en téléchargement. Si le coeur vous en dit.
Ce qui est dit ici et là, ce qui est écrit sur ce blog, ce ne sont ni des plaisanteries de mauvais goût, ni des allégations erronées, mais des faits vérifiés. Encore un fait qui semble confirmer les propos tenus par Marianne dans le gros dossier sur Sarko... Ces faits font peur car ils ont été trop longtemps passés sur silence et ils ont été érigés en système de gouvernement par l'ex-Ministre de l'Intérieur. Il reste à craindre qu'ils annoncent cinq années de gouvernement, de mensonge, de règne par la peur etc. Ceux-là même qui critiquent une période historique appelée Terreur semble en train de l'appliquer, à en croire certains médias encore contestataires (cf. Marianne, cf. l'Humanité, cf. les propos vociférés aux oreilles de Joffrin, Libération). Ces faits mettent la peur au ventre. Il faut éviter que Sarkozy passe. Il faut aussi et surtout se battre pour que la seule opposition qui vaille gagne en voix, ensuite, aux législatives.
Cet homme dont le slogan est "Ensemble tout devient possible" fait tout pour diviser les citoyens. Mai 68, les racailles, les musulmans etc., tous sont montrés du doigt. Tous sont responsables du déclin de la France aux yeux de ce candidat. Que sont, alors, le mensonge et les arrangements avec les chiffres?

Libellés : ,

dimanche, avril 29, 2007

Rico, mais qu'est-ce qui s'passe?

Allo, Rico, tu m'entends? Enrico... Es-tu là? Me lis-tu? Enrico, Coco... Quand je pense à ce que tu chantes:

Quand je lis ce que je lis... (allez voir!), je me demande ce qui se passe. Comment ça, tu as poussé la chansonnette au meeting de Nicolas Sarkozy??? Qu'est-ce qui se passe?

N'as-tu pas lu le dossier de Marianne? Vous non plus? ça tombe bien, il est en ligne maintenant, par là. Lisez, ça fait froid dans le dos. C'est peut-être ce qui nous attend. Enrico. Toi aussi, tu as succombé à ce charme qui passe de prime abord, démonté par la suite. Celui-là même qui caractérise toutes ces personnalités autoritaires, fascisantes, voire pires, dont le 20ème siècle a souffert. Enrico. Tu chantes la Paix. Rappelle toi quelles furent les positions de Monsieur Sarkozy sur les guerres en Irak. Relis, si tu ne l'as pas déjà fait, ce que signifient ses plans pour l'assurance maladie. Vous aussi, allez faire un tour, si ce n'est déjà fait... C'est par ici! Enrico, qu'est-ce qui se passe? Tu chantes les millionaires du dimanche:

Comment veux-tu que l'on te donne raison si le programme de celui qui semble être ton candidat va dans le sens opposé? Enrico, ressaisis toi! Parce que nous aussi, on veut qu'elles soient jolies les filles de notre pays. Mais surtout pas qu'elles ressemblent toutes à Cécilia Sarkozy!

Libellés : , ,

lundi, avril 23, 2007

Les résultats sont tombés

L'honneur est sauf. La Gauche est au second tour... Voilà ce que j'ai entendu hier soir, à plusieurs reprises. L'honneur est sauf... dans un certain sens. Car les résultats, à y regarder de plus près, ne sont pas bien encourageants. Comment la Gauche peut-elle aujourd'hui l'emporter? Les additions des voix des Verts, du PC, de la LCR et de LO ne lui sont guère favorables. Reste, bien sûr, l'inconnu: le comportement des électeurs UDF. Et c'est là où commence l'inquiétude. Au début, j'écoutais ceux qui disaient: "mais non, regarde les sondages, ils vont voter Ségo au 2nd tour". Dubitatif, j'écoutais. Maintenant, je doute encore plus. Les électeurs Bayrou que je connais n'ont pas l'air prêts à voter Ségo. Leurs arguments sont simples, mais logiques dans un certain sens: "Je suis de droite, je ne vois pas pourquoi je voterai Ségo au 2nd tour... et en plus, elle n'est pas capable de gouverner". Sur la deuxième partie, rien n'est moins sûr. En quoi le serait-elle moins que Sarko qui a quand même, rappelons-le, insulter nos voisins allemands dernièrement, pensant flatter ce faisant les instincts les plus nationalistes de nos concitoyens. Vous ne me croyez pas? Allez voir par là! (pour les novices, je réexplique: clique droit sur la souris, et choisir "ouvrir dans un nouvel onglet" ou "une nouvelle fenêtre"). Elle tient au moins aussi bien la route que le président de l'UMP.
Sur la première partie, les arguments sont, à mes yeux, les plus cohérents. Et là, j'aurais tendance à dire que la seule façon de combattre ce discours est de montrer la dangerosité des propositions de Sarkozy. Il est permis d'être de droite.
Mais un mec qui renvoie les immigrès à la frontière, qui oublie ce que veut dire être immigré (peu sont ceux qui le choisissent, le plus grand nombre subit la migration!), un ministre qui agit avec une directrice d'école comme il l'a fait et qui flatte toutes les peurs pour favoriser l'adhésion à son discours sécuritaire, donc le vote en sa faveur, un leader politique dont les mesures économiques consistent uniquement à opter pour le libéralisme débridé, à exclure toutes les parties de la population qui ne lui conviennent pas n'est autre qu'un néo-populiste et c'est un euphémisme. L'Histoire a pourtant montré où menait le populisme de droite.
Quelqu'un qui va serrer la main de Bush, en oubliant que ce Président des Etats-Unis est à l'origine du déclenchement de guerres, qui fait preuve d'une incroyable absence de logique dans son analyse des relations internationales n'a pas, non plus, l'envergure pour diriger un pays.
Quand, de surcroît, cette même personne suggère que l'homosexualité est génétique, comme la criminalité, la pauvreté et sans doute aussi les idéaux de gauche pendant qu'on y est, fait preuve de négationnisme scientifique, qui permet d'éluder la question sociale. A ce sujet, allez voir par ici un point de vue - L'eugénisme au service du libéralisme, par Jacques Testart - paru dans Le Monde.
Dans ces conditions, l'honneur est-il sauf? Pas sûr. Loin de là même! Il ne reste qu'une chose à faire: voter contre Sarkozy, voter Ségolène Royal et faire voter pour elle. Elle n'est pas une héroïne, certes. Mais au moins, elle n'a jamais cherché à se présenter comme telle, contrairement à un certain autre. Et rappelons-nous cet échange écrit par Brecht dans La vie de Galilée, entre Galilée le Savant et son élève: "Unglücklich das Land das keinen Helden hat / Malheureux le pays qui n'a pas de héros" disait l'élève. "Nein, unglücklich das Land das helden braucht / Non malheureux le pays qui a besoin de héros" répondait le Savant plus tard... A méditer, non?
Pour ma part, je ne cherche ni héros, ni héroïne, mais juste à vivre libre. Et je crois que je comprends mieux, ce soir, cette chanson. Car le contraire de ce qui y est exprimé me semble bien proche...

(Barbara, Regarde, écrite en 1981)

Libellés : ,

samedi, avril 21, 2007

Pour la 1ère tournée, vote pour qui te plaît!

Bon, les Amis. Je ne vais pas réexpliquer tout ce que j'ai dit aux uns et aux autres lors de nos discussions à caractère hautement politique. Il n'y a jamais eu de baston à la fin des dîners, mais avouons-le, l'élection qui arrive a un petit goût bizarre. Amère tant le souvenir du 21 avril 2002 est présent dans toutes les têtes. Un goût peut-être semblable à celui que les Dreyfusards avaient dans la bouche à une autre époque. Le goût de ceux qui ne sont pas entendus, mais auxquels l'histoire finit par donner raison. Amère aussi parce que la campagne n'a peut-être pas tant abordé les sujets de fond que cela. D'ailleurs, reconnaissons-le d'emblée, dans ces mêmes discussions, plus souvent, le débat a plus porté sur la stratégie que sur le contenu. Si je ne vote pas Ségo, est-ce que je ne risque pas d'avoir Le Pen au 2nd tour. Si je vote Ségo dès le 1er tour, est-ce qu'elle a des chances de recueillir assez de voix au 2nd pour l'emporter? Et si oui, lesquelles? Enfin, partant, sera-t-elle en situation de mener, par obligation et respect pour ses partenaires, une politique que l'on peut espérer de gauche?
Peu souvent, la question: "mais qu'est-ce qu'une politique de gauche dans le contexte actuel?" a été abordée. Plus souvent, c'est la peur de Sarkozy et de Le Pen qui a guidé la réflexion. Je ne reviendrai pas sur la dangerosité de ces deux personnages, elle est acquise, et je l'espère connue dans mon entourage - qu'il s'agisse des questions de culture, de liberté personnelle, de questions sociales etc. Plus souvent, le dégoût chez certains de voir Mme Royal mener la campagne pour le PS a pris le pas sur le goût de s'intéresser au fond des choses. Mais un candidat n'est-il pas, normalement, le représentant essentiel de son parti? Est-ce donc le candidat qui doit inspirer la méfiance?
Demain, donc, nous irons voter. Enfin, j'irai, c'est sûr, comme tout calamar qui se respecte, avec quelques constats en tête. Premier constat, nos institutions vont mal: la multiplicité des partis présents, l'émergence de candidats issus de nulle part mais capable de recueillir 500 signatures d'élus pour se présenter, l'inquiétude sur les alliances possibles etc.. Deuxième constat, les médias ont joué un rôle globalement favorable aux "grands" candidats, plus exactement, aux candidats des deux gros partis (PS et UMP) avec l'apparition quasi inattendue d'un Bayrou, comme celle d'un médiateur entre la Gauche et la Droite - n'oublions pas, d'ailleurs, que nombreux sont les anciens de l'UDF à appeler à voter pour Sarkozy, ni la couleur des gouvernements dans lesquels Bayrou était présent. Tout cela, Monsieur Rocard a l'air de l'oublier. Il faut dire que Michel R. avait déjà un peu cassé son parti dans Le Monde au moment de la loi sur les retraites, accordant son soutien au gouvernement en place, Raffarin je ne sais plus combien. Cela mène à un troisième constat: le PS est bien plus divisé qu'il n'y paraît, et si ce n'était une machine politique, avec distribution de postes à la clé, il y a fort à parier qu'il aurait implosé depuis quelques mois (cf. les résultats du référendum, la machine à battre Fabius mise en place etc.).
Il faudrait donc, dans ces conditions, "voter utile au 1er tour". Qu'est-ce qu'un vote utile? Celui pour ses convictions, pour un programme? Ou celui contre quelqu'un, un ennemi qui sert surtout à retrouver la cohésion par ailleurs introuvable d'un point de vue programmatique? Mon choix est fait. Un vote utile, c'est un vote de conviction. C'est aussi, et plus encore, un vote qui place les partis dans un rapport de force pour les trois autres tours qui arrivent. Car peu de journalistes rappellent qu'après le 22 avril, il y aura, bien sûr, 3 autres tours que sont le 2nd tour des Présidentielles et les deux tours des législatives. Or, les législatives sont bien plus importantes que les présidentielles: ce sont nos députés, ne l'oublions pas, qui votent les lois. Et selon la majorité présente au parlement sera décidé le gouvernement et sa composition. Scrutin par circonscription, cette fois, pour la représentation du peuple à l'Assemblée Nationale. Il suffit, parfois, qu'un parti ne présente pas de candidat pour qu'une couleur politique gagne. Exemple: si le PS soutient les Verts ou le PC dans certaines circonscriptions gagnables par l'union, l'unanimité mène à la victoire de la gauche. En revanche, si chaque parti présente son candidat, face à la machine UMP, les chances de l'emporter sont moindres. Or, ces calculs sont faits très précisément en prenant en compte les résultats aux différentes élections... dont à celles qui vont arriver.
Ce qui me ramène au 1er tour, de demain. Voter utile au 1er tour, comme certains nous y invitent, n'est qu'une façon de laminer la gauche, sur le long terme. D'une part, parce que si nous votons tous pour une candidate qui arriverait au 2nd tour sans réservoir de voix à gauche, elle n'a aucune chance de l'emporter au final (la majorité des voix de l'UDF ne se reporteront pas vers elle, relisez ce que j'ai écrit sur Bayrou avant!). D'autre part, parce que ce même parti sera dans une position de force en réalité fictive pour négocier les législatives. Fictive, car le vote ne reflétera pas l'opinion fondamentale des citoyens, mais la stratégie mise en oeuvre pour des raisons de peur. Enfin, parce que ce parti n'aura pas d'opposition interne, celle qui mène à prendre toutes les mesures phare, qu'on se rappelle les combats, dans le gouvernement de gauche plurielle, de Marie-Georges Buffet alors Ministre de la Jeunesse et des Sports ou de Dominique Voynet alors Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement. Vous me direz: "il n'y en a pas eu beaucoup, alors, de mesures de gauche". Que sont la CMU, les 35 heures, les emplois jeunes? Ensuite, il y en aurait peut-être eu plus encore si les partis "de l'opposition interne" avaient été mieux représentés, mis en position de force et non en position de combat permanent.
Une seule conclusion s'impose: A la première tournée, vote pour qui te plaît! Et le 1er mai, fais ce qu'il te plaît, bien sûr. J'aurais tendance à vous dire, ce qui plaît, c'est plutôt la couleur que le rose délavé... Des couleurs il y en a, en veux-tu en voilà par ici ou par-là!

Libellés : ,

mercredi, février 14, 2007

Bonne fête...


C'est la fête. Enfin, il paraît. La Saint-Valentin. Aujourd'hui, tout le monde s'appelle Valentin. Ou Valentine. Bonne fête, ma chère Valentine (en plus, j'aime bien les prénoms en -ine). Oui, si elle vient sur ce blog, Valentine, qu'elle me laisse un message, un petit signe, un coucou. Une petite réponse de Palourde (cf. en bas). Quelque chose qui me laisse supposer que Valentine existe.
C'est drôle, la Saint-Valentin. Un pas dans la rue, et ops: des publicités pour trouver la meilleure idée de cadeau(x) possible(s) (les parenthèses sont pour les plus fortunés). L'ouverture d'une cession internet, Yahoo ou Google, et notre cher Saint nous rappelle son existence. Purement commercial? Peut-être... Mais bon. C'est marrant qu'en ces temps si politiques, la Saint-Valentin fasse tant parler.
Peut-être parce qu'en fait, on se demande tous, sans oser l'avouer, ce que François H. (c'est pour Hollande, pas pour Humour ni Harmonie) a offert à Ségolène R. (c'est pour Royal, pas pour Rigueur ni Réussite à en croire les sondages... en revanche, à en croire Aurélie Filippetti, dans Le Canard enchaîné de cette semaine, on se marre avec Royal, donc R. pour Rigolade... Vous vous demandez qui est Aurélie Filippetti? Mais si! La nouvelle Rose du PS, après avoir été fleur grimpante au parti du tournesol, vous voyez?). On se demande peut-être aussi ce que Nicolas S. (S. pour quoi? pour Socialiste? Vous êtes fou! Ce n'est pas parce qu'il cite Jaurès ou Blum qu'il a des convictions de gauche, allez donc lire son programme si vous ne me croyez pas!) a offert à Cécilia S. (là, je sèche). Un livre? Ah bon, et lequel? Comment dites-vous? Un roman? Qui parle de Coeur et de Raison... Bien vu pour la Saint-Valentin. Voilà une idée qu'elle est originale. Bon, donc, la Saint-Valentin préoccupe. Un peu. Ou alors, elle fait tant parler, parce que le reste, le politique, la vie de la Cité, n'intéresse pas... D'ailleurs, vous avez vu, j'ai parlé de Ségo et de François, de Sarko et Cécilia, mais pas de Marie-Georges, ou de Dominique, ou d'Arlette, ni même d'Olivier. Parce que j'ai compris! La politique, c'est Ségo ou Sarko. Et la politique, de toute façon, n'intéresse pas. C'est bien ça. La France n'a plus que deux partis. Et pourtant, je ne sais pourquoi, j'ai l'intime conviction du contraire. Mais je reviendrai là-dessus plus tard. Pour l'instant, il s'agit de parler de Saint-Valentin. Je vous la souhaite très bonne. Pleine d'Amour.
Et je vous offre un peu de musique... Bonne Saint-Valentin!
Et pour conlure...
Et je vous offre quelques bouquets, parce que vous le valez bien...

Libellés : , ,

lundi, février 12, 2007

12 février 2007. Il n'y a pas d'amour heureux.

Il paraît que le PS regrette un peu Ségolène Royal. Pourtant, elle a présenté son programme, fruit des discussions dans les débats participatifs et des propositions faites par le PS. Il paraît que Sarkozy en veut un peu à certains de l'UMP. Pourtant, sur les photos, ils sont tous en rang derrière lui. Tout cela laisserait croire que parfois, en politique comme ailleurs, on prend des décisions trop hâtives.
Bref, pour tout le monde, vous le voyez: il n'y a pas d'amour heureux. Je ne sais pas bien pourquoi je pense à ça un 12 février. Quoi que.
En attendant, pour que chacun médite, je vous invite à écouter ce qui suit. Quatre versions différentes. Mêmes paroles. Arrangements différents. Faites votre choix. Bonne écoute!








Bon... Allez! Pour conclure, il ne reste plus qu'à se dire:


Libellés : , ,

jeudi, février 08, 2007

Reggiani et mes Amis profs

"Ce n'est pas moi qui chante
C'est les fleurs que j'ai vues
Ce n'est pas moi qui rit
C'est le vin que j'ai bu
Ce n'est pas moi qui pleure
C'est mon amour perdu"

Paroles: Jacques Prévert
Musique: Dominique Pankratoff
Chanté par Serge Reggiani
C'est un très joli poème je trouve. Je ne l'avais utilisé qu'une fois jusqu'alors. J'ai un peu du mal à le réutiliser. Mais tant pis. Il faut vaincre ses propres craintes. Si je le ressors ce soir, c'est pour parler d'amour. D'un amour. Celui de son métier.
Je suis entouré de profs. Et j'aime beaucoup mes Amis profs. Ce sont des gens très chouettes, les profs. Ils sont engagés dans leur boulot et aussi parfois ailleurs. Ils ont une vraie fonction sociale. Une mission pédagogique. Oui, je vous vois sourire: "avec toutes les vacances qu'ils ont"... OK... Et vous connaissez les salaires? Ne vous fiez pas à ce que certains disent... (ex.: "un professeur certifié en fin de carrière, ça gagne à peu près 4 100 euros par mois" J.-F. Copé, mes Amis profs apprécieront...). Allez plutôt voir par-là (pour les novices, ça veut dire que vous positionnez votre petite souris sur "voir par-là", puis effectuez un clic droit et enfin choisissez "ouvrir dans un autre onglet" - ou fenêtre - selon le logiciel d'accès à internet que vous utilisez).
Vous connaissez ce dicton: "Quand le bâtiment va, tout va"? Il s'applique à l'économie paraît-il. J'avais appris à le prouver en d'autres lieux. Quand j'étais jeune et beau. (J'attends vos commentaires avec impatience... Pardon, je m'égare!). Figurez-vous que je suis en train de développer une théorie. Si, d'un point de vue économique, "Quand le bâtiment va, tout va" est vrai, je suis prêt à parier que d'un point de vue social, "Quand l'enseignement va, tout va" est exact. Et là, je m'inquiète. Parce que j'entends partout la même chose. "Je n'en peux plus". "Les élèves ne peuvent pas suivre, tu ne te rends même pas compte des problèmes qu'ils ont à la maison". "J'ai organisé un voyage, et ça m'a fendu le coeur. J'ai un élève qui n'a pas osé dire qu'il ne venait pas pour des raisons financières". Etc. Bref, des profs qui s'investissent. Et qui ne dorment plus. Qui se lèvent aux aurores, se demandant si leur action a vraiment un sens. Ils ne démissionent pas. Ils dépriment et ne disent rien. De toute façon, quand ils disent quelque chose, ils ne sont pas vraiment pris au sérieux. Tout à l'heure par exemple, j'étais dans le 13è arrondissement, à l'heure où commençait la manif'. Je regardais un peu. J'aime bien regarder les manifs'. C'est toujours un moment où j'ai l'impression que les gens sont contents d'aller ensemble dans la même direction. Convaincus de leurs forces. Il y en a qui chantent (est-ce les fleurs vues?). D'autres qui rient (est-ce le vin bu?), d'autres encore qui scandent des messages (est-ce les ministres entendus?). Etc. Bref, vous voyez! Surtout si vous êtes profs... Quel humour, ce Calamar! Quoi que. Je citerais plutôt des propos entendus. Mais sans le moindre humour. Des étudiants sortaient. Regardant la manif', l'un s'exclame: "il ferait mieux d'aller bosser". L'autre ajoute: "oui, il y en a marre. En plus, ils bloquent le boulevard". Scotché, j'étais.
Là, plein de phrases entendues ces derniers jours, qui d'un lycée, revenant effondré, qui d'un collège, qui a retenu ses larmes pour les laisser couler au téléphone, qui révolté, qui, enfin, peiné, pour avoir mis mal à l'aise un élève en ayant voulu l'aider. Et je me suis demandé comment répondre. Je n'ai rien dit. J'ai pris mon petit vélo. Et ce soir, j'ai encore entendu des larmes au téléphone, de quelqu'un qui n'en peut plus, et qui s'en veut. Voilà ce que j'aurais dû expliquer aux étudiants. Leur demander s'ils pensaient que l'enseignement va...
Allez, Amis profs, je suis avec vous! Vous faîtes le plus beau métier du monde. Il faut vivre...

"Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites / Donner à perte d'âme, éclater de passion / Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête / Quelque chose a changé pendant que nous passions"

Libellés : , ,

mardi, février 06, 2007

Aujourd'hui, c'est lecture!

Que j'étais fatigué ce matin... Je ne vous dis pas. J'ai même cru que j'étais malade. Donc, j'ai mis de la musique, histoire de retrouver la forme pétillante, le teint éclatant, le sourire calamardesque qui plaît tant à Tante Ka. Et je suis tombé là-dessus:
Ah ben oui! Il y a des jours comme ça. Plein de bonnes résolutions et une chanson... Pour me changer les idées, j'ai pris le bouquin que j'étais en train de lire: Accident nocturne, de Modiano... Poursuivi. Tel doit être le mot qui convient. Mais pourquoi donc? La journée marathon d'hier, les semaines de pression, la fin du semestre et les évaluations à remplir, les examens de fin de semestre à préparer, sans oublier l'essentiel, la vie... Grosse fatigue ce matin. Si je n'avais pas eu un déjeuner hyyyyyyper important ce midi, je me demande si je me serais levé. Pour achever le tout, j'ai pris les mails "non lus" et là, j'ai achevé ma matinée en m'achevant. Heureusement, je n'ai pas eu le temps de répondre à tous. Tant pis pour les Amis, ils comprendront!!!! J'ai mis encore la musique. Et voilà quel doux chant à inonder mes oreilles:
Ah ben oui! Poursuivi! Mais par qui? Le destin. Bon, OK, c'est la théorie d'Elise: "Tu as ton destin et tu ne peux pas y échapper". Elle est comme ça Elise. Un peu gitane, un peu wonderwoman. Et elle a des théories marrantes, qu'elle exprime gentillement. Elle croit en des trucs bizarres, genre à la réincarnation.
(Spéciale dédicace: )
Pourquoi je raconte tout ça? Je ne sais même plus. Enfin, si. Dans les mails "non lus", un disait, en gros (je cite, je ne cite pas, telle est la question): "Peux-tu me donner le titre du bouquin sur la francophonie dont tu parles tout le temps?" - je ne garantis pas que ce soit la citation exacte, mais je dois préparer à manger, donc, pas le temps de vérifier. Je vais même faire mieux! Voilà une courte chronique que j'ai rédigée de ce bouquin. Je vous le conseille. Il ouvre les yeux et l'esprit. Il se lit facilement. Et puis, c'est chez Harmonia Mundi Diffusion. Et moi, j'aime bien Harmonia Mundi (et aussi la super C. qui y travaille!).
Allez, tous à vos lectures! Ah oui, je voulais dire que je le conseille aussi à Ségolène Royal et à l'autre énergumène...

Claire Tréan, La Francophonie ; Editions : Le Cavalier Bleu – Collection : Idées reçues (Paris, 2006) ; 127 pages

Non, la Francophonie n’est pas un instrument aux mains de la France, au service de sa propre stratégie d’influence. Non, elle n’est pas une survivance du colonialisme. Non, les francophones ne sont pas essentiellement français. Voilà quelques unes des 15 idées reçues que Claire Tréan analyse et met à bas. Alors qu’est-ce donc, la francophonie ? A la fois usage du français et ensemble de ceux qui le parlent, elle est aussi, avec un « F », une organisation internationale qui recouvre 65 Etats. Avec force d’arguments, Claire Tréan démontre que la langue française sait évoluer et rester riche. Que l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) mène des politiques courageuses pour défendre l’usage de la langue tout en s’ouvrant et en tenant compte des nouvelles valeurs comme la diversité, « un combat auquel s’est rallié l’écrasante majorité des pays du monde ». Née de la décolonisation, la francophonie est finalement porteuse d’un projet et « s’implique dans tout ce qui peut contribuer à bâtir un monde plus juste : la diversité culturelle et linguistique, la solidarité contre les inégalités, la paix, la démocratie et les droits de l’Homme » comme l’indique Abdou Diouf, l’actuel Secrétaire général de la Francophonie, en préface de l’ouvrage. Un beau projet à découvrir dans ces 127 pages, dynamiques et stimulantes !

Libellés :