jeudi, décembre 07, 2006

Vincent Delerm prend son envol

Pour accompagner la lecture:

Pour réaliser l’album les Piqûres d’araignée, Vincent Delerm a croisé une autre bête de la musique, le germano-suédois Peter Von Poehl, un « ange blond » selon la maison de disque. Et cette rencontre a visiblement donné des ailes à Delerm, les ailes du désir. Désir de changement, désir amoureux, envie de s’exprimer. Avec finesse, humour et tendresse, le nouvel album conserve intacte la touche Delerm, qui fait son style et sa personnalité : descriptions par le menu de tranches de vie, moments de mélancolie qui alternent avec des propos plus légers. Alors, à la première écoute, cet opus rappelle la tonalité des précédents. Pourtant, ce n’est pas le même. Au contraire. D’emblée, tant au niveau musical qu’au niveau des paroles, quelque chose de différent marque l’esprit.
Les musiques sont plus ouvertes, et prennent même parfois le pas sur les textes. D’où vient ce changement que revendique Vincent Delerm ? Lui qui a « toujours passé du temps à faire les mélodies » avait avant tout été classé comme un chanteur à textes. Là, il a travaillé avec quelqu’un « qui ne prêtait pas plus attention que ça aux textes et qui était peut-être plus tourné vers la musique ». Et d’ajouter : « C’était encore plus valable pour les gars avec lesquels on bossait, dans le studio, qui eux ne parlaient pas du tout français. » Car l’enregistrement a lieu en Suède, au printemps 2006. Aux commandes pour les arrangements et en tant que musiciens, Peter Von Poehl et Christoffer Lundquist donnent plus de place à la batterie qu’elle n’en avait sur les deux premiers disques, jouent plus avec les différents instruments et les sonorités du Nord, comme le « Glockenspiel », sorte de carillon aux sonorités claires. À la guitare, Von Poehl contribue à donner à l’album sa coloration pop.
Et si les musiques marquent plus l’oreille, la voix aussi a changé. Là encore, Vincent Delerm a souhaité cette évolution. Il reconnaît : « J’ai eu de la chance de faire un premier album assez tôt. Techniquement, je n’étais peut-être pas tout à fait assez prêt. J’avais peur de chanter faux, donc prenais les notes par en dessous ». Et beaucoup le lui ont reproché. Toutefois, il a refusé de s’enfermer et de penser que « tous ceux qui critiquent sont des crétins. Alors je me suis remis en question : j’ai eu davantage envie de chanter parce que je savais que techniquement, je pouvais le faire », affirme-t-il. Et ça s’entend : il ose maintenant les aigus, des variations vocales plus tranchées, des jeux avec sa voix et celle des autres, que ce soit pour des duos ou des choeurs. Ce travail sur la voix et le chant sert littéralement les textes. Sur Marine, par exemple, Von Poehl lui donne la réplique : « Une chanson qu’on ne pouvait pas faire autrement qu’en duo, parce que ce sont deux garçons qui parlent d’une même fille avec deux points de vue différents » - humour et amour au rendez-vous. Sur Favorite song, second duo du disque avec Neil Hannon (de The divine comedy), un Anglais s’interroge sur les curiosités de la langue française, en déclarant sa flamme persistante à celle qui est partie : là encore, humour et amour. L’univers de Delerm en quelque sorte. « Il y a un truc très affectif dans la chanson, comme dans le rire, explique-t-il. On dit que ce sont les gens que l’on aime bien qui nous font rire. Je crois que la chanson porte ça aussi. Tu ne peux pas aimer un chanteur en l’admirant froidement. Il faut qu’il nous touche », précise Delerm en s’appuyant sur une « chanson universelle » à ses yeux, Mistral gagnant de Renaud, l’une de ses références. Lui aussi s’avère touchant, amoureux dans Déjà toi ou laissant ouvertes les possibilités d’interprétation d’autres chansons, comme dans Ambroise Paré. Il justifie : « Sur mes premiers albums, j’ai voulu beaucoup téléguider les choses et dans peu de chansons émanait un doute sur l’interprétation. Là, j’ai voulu davantage cette chose-là. »
Pourtant, le doute n’est pas toujours permis. Sépia et Il fait beau sur la France sont là pour le rappeler. Il s’essaie à la « chanson d’humeur », à légère connotation politique qu’il réservait, jusqu’alors, à la scène. Là encore, on découvre un Delerm qui grave sur l’album ce qu’il pense. « Tiens ça repart à l’envers », s’inquiète-t-il dans Sépia, à laquelle répond, en contrepoint, Il fait beau sur la France : « Je trouvais très bien qu’il y ait une chanson qui essaye de combattre le petit climat français UMPien qui règne, mais sous un angle un peu désinvolte. » Né en 1976, il avait « le sentiment qu’il fallait d’abord se présenter » et ne pas passer pour « le petit con qui donne des leçons ». Maintenant, il dit qui il est, ce qu’il pense et ce qu’il aime (Ma ville, sur Rouen, le confirme). Lui qui considère les chansons comme « des petits capteurs de ce qui est dans l’air » souligne que « dans l’air, il y a beaucoup ce repli sur soi, depuis quelque temps. Alors, c’est vrai, les caméras de surveillance il y en avait certainement déjà il y a cinq ans mais il y en avait moins ». Avec humilité, humanité et simplicité, Vincent Delerm élargit peu à peu sa toile dans le monde de la musique, et confirme qu’il sait évoluer. Il a bel et bien pris son envol.

Nouvel album : les Piqûres d’araignée (Tôt ou tard). En concert à La Cigale (Paris) à partir du 28 novembre, toutes les dates sur www.totoutard.com
(Article paru dans l'édition du 5 décembre 2006)

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3 réponse de palourde:

Blogger Zouzou kadi...

C'est pas possible d'accompagner la lecture... ton article est trop long alors quand le lecteur disparait le son s'arrête. C'est soit on lit, soit on écoute. Mais ça remarche sur mon ordi ! C'est la bonne nouvelle ça.

jeu. déc. 07, 08:02:00 PM 2006  
Blogger Tante Catherine kadi...

ben moi je peux lire (en entier), laisser une réponse et entendre en même temps !!?? Pourquoi?
Merci Calala tu tiens bon!

jeu. déc. 07, 10:18:00 PM 2006  
Blogger La Pieuvre kadi...

Peut-être c'est Mozilla?

ven. déc. 08, 12:26:00 PM 2006  

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