La francophonie en musique
Festival . Découvrir la diversité de la musique nord-américaine francophone, tel est l’objectif des Déferlantes francophones.
Entretien avec Maurice Segall, capitaine de deux festivals appelés Déferlantes francophones. Si Chloé Sainte-Marie, Yann Perreau, Alain Lamontagne... ne sont presque jamais diffusés, ils sont de vrais artistes. Ils seront à Pralognan-la-Vanoise pour les Déferlantes francophones hivernales à partir du 16 janvier.
Comment définir les deux festivals des Déferlantes francophones ?
Maurice Segall. Même si l’un se déroule l’hiver à la montagne, à Pralognan-la-Vanoise, et l’autre l’été à la mer, à Capbreton, le concept est identique : la découverte et la promotion d’artistes francophones d’Amérique du Nord, malheureusement peu connus ici, bien que souvent reconnus de l’autre côté de l’Atlantique ! Ici, on entend presque toujours les cinq mêmes : Isabelle Boulay, Linda Lemay, Natacha Saint-Pierre, Céline Dion et Garou. Pourtant, il existe des dizaines d’artistes beaucoup plus intéressants, des sons nouveaux qui sont peu diffusés. Je veux les faire connaître. Ces deux festivals sont donc avant tout militants et politiques !
En quoi sont-ils politiques ?
Maurice Segall. Ils sont comme de petits moments de résistance ! En France, quand on parle de francophonie, il s’agit bien souvent de celle du Sud. Mais avec le développement de l’Europe par exemple, il est aussi intéressant pour les Français de voir ce qui se passe dans la francophonie d’Amérique du Nord. Ils sont 7 millions de francophones entourés de plus de 300 millions d’anglophones, à côté du grand voisin états-unien. Il est intéressant de voir comment ces francophones font vivre leur langue, comment, face au « rouleau compresseur américain », ils développent leur propre mode de vie et leurs propres valeurs. Les artistes viennent en quelque sorte raconter comment cela se passe chez eux.
Quelles sont les spécificités de la chanson francophone nord-américaine ?
Maurice Segall. Des artistes comme Pierre Lapointe, Dobacaracol, Les Cow-Boys fringants, Ariane Moffatt, ont une forme de fraîcheur et d’authenticité au niveau des paroles, leurs rythmes sont souvent nord-américains. C’est un drôle de mélange qui vient sûrement de ce qu’ils sont à la fois des Nord-Américains et des francophones. Daniel Boucher, Plume Latraverse ou Richard Desjardins sont de vrais poètes aux textes fabuleux. Mais ils ne chantent pas « à la française ». Ils ont leur accent, et les médias ne se privent pas de leur demander d’être « plus compréhensibles ». Je leur dis exactement le contraire car c’est leur culture. Ces auteurs et compositeurs phénoménaux mériteraient d’occuper un peu plus de place sur nos ondes. Au Québec, ils ont leur public et remplissent des salles ! Comme le marché québécois est tout petit, pour de jeunes artistes, c’est un peu compliqué. Ils auraient le choix entre chanter en anglais, donc être diffusés aux États-Unis, et chanter dans leur propre langue, en gommant leurs spécificités pour percer le marché français. Mais certains ne le font pas, comme Dobacaracol ou les Cow-Boys fringants qui chantent en québécois. Et ils ont réussi !
Ce sont des artistes de « la relève », la nouvelle scène québécoise...
Maurice Segall. La relève est un terme générique. Ça fait vingt ans que j’en entends parler ! Ce qui est intéressant, c’est la différence fondamentale entre le Québec et les autres provinces. Québec est une province avant tout francophone, alors que les autres provinces sont majoritairement anglophones. Dans ces provinces, la relève est donc beaucoup plus difficile à se mettre en place.
De jeunes talents parviennent-ils à pointer ?
Maurice Segall. Oui. Outre ceux déjà cités, Jean-François Moran, par exemple, vient d’obtenir un prix à Montréal. Sa voix et son univers sont étonnants. Ou encore Damien Robitaille, de l’Ontario, un bonhomme avec un potentiel de folie et de poésie ! Dans un autre style, Mes Aïeux, remplissent des salles de 2 000 personnes, jeunes. Or, c’est sur une base de musique traditionnelle. Et des nouveaux interprètes comme Chloé Sainte-Marie, qui chante de grands poètes québécois. La relève recouvre tous les styles, du rock à l’underground, du trad’ à la chanson. Ces artistes mériteraient d’être connus en France !
Et ils semblent plus engagés que la nouvelle scène française !
Maurice Segall. Ça vient du contexte. N’oublions jamais que les francophones sont très minoritaires au Canada ! Ce qui veut dire que dans leur vie quotidienne, leur langue peut être menacée : à Montréal par exemple, il est difficile parfois de se faire servir en Français. Les artistes retransmettent ces sentiments... Leurs textes sont fondamentalement indépendantistes.
http://www.pralo.info
http://www.deferlantes-francophones.com
Fabien Perrier
Entretien avec Maurice Segall, capitaine de deux festivals appelés Déferlantes francophones. Si Chloé Sainte-Marie, Yann Perreau, Alain Lamontagne... ne sont presque jamais diffusés, ils sont de vrais artistes. Ils seront à Pralognan-la-Vanoise pour les Déferlantes francophones hivernales à partir du 16 janvier.
Comment définir les deux festivals des Déferlantes francophones ?
Maurice Segall. Même si l’un se déroule l’hiver à la montagne, à Pralognan-la-Vanoise, et l’autre l’été à la mer, à Capbreton, le concept est identique : la découverte et la promotion d’artistes francophones d’Amérique du Nord, malheureusement peu connus ici, bien que souvent reconnus de l’autre côté de l’Atlantique ! Ici, on entend presque toujours les cinq mêmes : Isabelle Boulay, Linda Lemay, Natacha Saint-Pierre, Céline Dion et Garou. Pourtant, il existe des dizaines d’artistes beaucoup plus intéressants, des sons nouveaux qui sont peu diffusés. Je veux les faire connaître. Ces deux festivals sont donc avant tout militants et politiques !
En quoi sont-ils politiques ?
Maurice Segall. Ils sont comme de petits moments de résistance ! En France, quand on parle de francophonie, il s’agit bien souvent de celle du Sud. Mais avec le développement de l’Europe par exemple, il est aussi intéressant pour les Français de voir ce qui se passe dans la francophonie d’Amérique du Nord. Ils sont 7 millions de francophones entourés de plus de 300 millions d’anglophones, à côté du grand voisin états-unien. Il est intéressant de voir comment ces francophones font vivre leur langue, comment, face au « rouleau compresseur américain », ils développent leur propre mode de vie et leurs propres valeurs. Les artistes viennent en quelque sorte raconter comment cela se passe chez eux.
Quelles sont les spécificités de la chanson francophone nord-américaine ?
Maurice Segall. Des artistes comme Pierre Lapointe, Dobacaracol, Les Cow-Boys fringants, Ariane Moffatt, ont une forme de fraîcheur et d’authenticité au niveau des paroles, leurs rythmes sont souvent nord-américains. C’est un drôle de mélange qui vient sûrement de ce qu’ils sont à la fois des Nord-Américains et des francophones. Daniel Boucher, Plume Latraverse ou Richard Desjardins sont de vrais poètes aux textes fabuleux. Mais ils ne chantent pas « à la française ». Ils ont leur accent, et les médias ne se privent pas de leur demander d’être « plus compréhensibles ». Je leur dis exactement le contraire car c’est leur culture. Ces auteurs et compositeurs phénoménaux mériteraient d’occuper un peu plus de place sur nos ondes. Au Québec, ils ont leur public et remplissent des salles ! Comme le marché québécois est tout petit, pour de jeunes artistes, c’est un peu compliqué. Ils auraient le choix entre chanter en anglais, donc être diffusés aux États-Unis, et chanter dans leur propre langue, en gommant leurs spécificités pour percer le marché français. Mais certains ne le font pas, comme Dobacaracol ou les Cow-Boys fringants qui chantent en québécois. Et ils ont réussi !
Ce sont des artistes de « la relève », la nouvelle scène québécoise...
Maurice Segall. La relève est un terme générique. Ça fait vingt ans que j’en entends parler ! Ce qui est intéressant, c’est la différence fondamentale entre le Québec et les autres provinces. Québec est une province avant tout francophone, alors que les autres provinces sont majoritairement anglophones. Dans ces provinces, la relève est donc beaucoup plus difficile à se mettre en place.
De jeunes talents parviennent-ils à pointer ?
Maurice Segall. Oui. Outre ceux déjà cités, Jean-François Moran, par exemple, vient d’obtenir un prix à Montréal. Sa voix et son univers sont étonnants. Ou encore Damien Robitaille, de l’Ontario, un bonhomme avec un potentiel de folie et de poésie ! Dans un autre style, Mes Aïeux, remplissent des salles de 2 000 personnes, jeunes. Or, c’est sur une base de musique traditionnelle. Et des nouveaux interprètes comme Chloé Sainte-Marie, qui chante de grands poètes québécois. La relève recouvre tous les styles, du rock à l’underground, du trad’ à la chanson. Ces artistes mériteraient d’être connus en France !
Et ils semblent plus engagés que la nouvelle scène française !
Maurice Segall. Ça vient du contexte. N’oublions jamais que les francophones sont très minoritaires au Canada ! Ce qui veut dire que dans leur vie quotidienne, leur langue peut être menacée : à Montréal par exemple, il est difficile parfois de se faire servir en Français. Les artistes retransmettent ces sentiments... Leurs textes sont fondamentalement indépendantistes.
http://www.pralo.info
http://www.deferlantes-francophones.com
Fabien Perrier
Article paru dans l'édition du 16 janvier 2007
Ajout personnel de Calamar:
Maurice Segall est un homme qui fait beaucoup parler de lui. Invité régulièrement sur les ondes, cité par de nombreux artistes québécois, il est aussi très présent sur le Web (clic!).
Certains reprocheront qu'il n'y ait pas de photo de cette noble personne pour illustrer cet entretien. La raison est la suivante. Sur toutes les bases de données, il n'y en a qu'une en stock... Vous voulez la voir? Allez-y, c'est par ici!
Libellés : Festival Déferlantes francophones, Musique, Spectacle
1 réponse de palourde:
C'est toujours sympa de ne pas citer le nom du photographe.
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