L'Amérique d'Eddy Mitchell...
Entretien. Quatre mois après la sortie de son album Jambalaya, Eddy Mitchell lance son Jambalaya Tour, tournée qui mélange chansons nouvelles et incontournables, ambiances intimes et moments country-rock.
Vous avez sorti un nouvel album en octobre, baptisé Jambalaya. Pour écrire certains des titres, vous vous êtes entouré de collègues. Pourquoi ?
Eddy Mitchell. Ce sont d’heureux hasards. Henri Salvador m’avait demandé de lui écrire des chansons. Quand je les lui ai amenées, il m’a dit que je travaillais trop vite... car il en avait besoin pour fêter ses quatre-vingt-dix ans ! Je lui ai répondu qu’alors, j’allais les chanter. Et lui, qu’il allait avancer son album ! Finalement, il a interprété une des deux chansons. Quant à Jipé Nataf, je ne le connaissais pas personnellement. Il m’a fait parvenir une musique qui m’intéressait, j’ai écrit un texte dessus. Art Mengo et Marie Nimier m’ont envoyé une chanson toute prête. Le texte de Marie est très joli. Je ne saurais pas l’écrire, mais il me donne envie de chanter. C’est intéressant de pouvoir chanter un morceau qui n’est pas de vous mais qui vous colle.
Il y a aussi un duo et un trio avec Johnny...
Eddy Mitchell. En avril dernier, Johnny m’appelle pour que je lui prépare une chanson. Je lui ai proposé d’en chanter une que j’avais terminée pour mon album, et de la mettre sur le disque avant moi. C’était On veut des légendes. Il a trouvé qu’elle serait mieux en duo. Alors on l’a répétée et enregistrée aux États-Unis, où nous étions en même temps. Quant à Little Richard, il nous a cloués ! Il est arrivé en limousine avec les gardes du corps, la perruque, les chaussures en diamants ! (Rires.) Comme il avait déjà repris la chanson de Cochran, Something Else (Elle est terrible), on a décidé de la faire ensemble, dans les deux langues !
Quant aux autres chansons, c’est Claude Moine qui écrit et Eddy qui chante ?
Eddy Mitchell. (Rires.) Non ! D’abord, je n’écris qu’à partir de musiques. Je note des idées de temps en temps, mais je ne m’en sers finalement qu’assez peu. C’est la musique qui va me projeter une image à travers laquelle je trouve un texte. Le Seul Survivant, par exemple, est inspiré du roman Je suis une légende, de Richard Matheson, d’où je suis parti vers autre chose : un petit scénario...
... où vous égratignez Bush, « nouveau va-t-en guerre ex-alcoolique », « menteur mais pourtant président » dans Ma Nouvelle-Orléans...
Eddy Mitchell. Je ne m’en prends pas à Bush... Enfin, si ! Et ça fait du bien de dire que Bush me gonfle vraiment. On en finit avec quelque chose qui « prenait la tête ». On ne peut pas dire que la guerre en Irak soit juste. Elle n’est qu’un prétexte pour aller voler l’argent des autres. Pour le pognon, c’est grave. De toute façon, je ne crois pas qu’il y ait des guerres justes.
Dans cet album, l’Amérique est très présente. Que représente-t-elle pour vous ?
Eddy Mitchell. L’Amérique que j’aime n’est pas celle des villes, mais l’Amérique profonde et belle : le Nouveau Mexique, le Colorado, l’Arizona. Celle venue avec le cinéma quand j’étais gosse. C’était mon père qui m’y emmenait. Dans les westerns, les décors magnifiques faisaient rêver. On avait envie d’être dedans, de se projeter !
Dans l’Amour au coin de la rue, vous évoquez la « crise des banlieues ». Pourquoi ?
Eddy Mitchell. Pour dédramatiser. Une fois de plus, j’ai été énervé d’entendre des gens dire : il faudrait faire ceci ou cela, alors qu’ils ne connaissent pas ces jeunes, ni leur langage, ni leurs aspirations ! Ce n’est pas en passant rapidement en voiture dans ces banlieues qu’on va savoir ce que les jeunes pensent.
Vous mettez en chanson la « crise du disque » dans Je t’en veux pas.
Eddy Mitchell. La logique est implacable : on ne peut pas retourner en arrière. Il ne faut pas oublier que lorsque le groupe Philips a vendu son catalogue musical à Universal, il a sorti les copieurs le lendemain. Le client, appelé pirate, n’a rien inventé. Les maisons de disque ont cru que ce serait un plus, mais c’est l’inverse ! Le CD traditionnel est appelé à mourir.
Finalement, cet album, au coeur de l’actualité, est politique...
Eddy Mitchell. Non, car je ne donne pas de leçons mais un regard presque journalistique. Un chanteur ne peut pas toujours chanter « je t’aime » ! Une chanson ne va pas changer le monde mais elle peut être un constat de son époque. J’ai un côté chroniqueur. Mais dire : « Faites comme ci ou comme ça », non !
Propos recueillis par Fabien Perrier
Eddy Mitchell. Ce sont d’heureux hasards. Henri Salvador m’avait demandé de lui écrire des chansons. Quand je les lui ai amenées, il m’a dit que je travaillais trop vite... car il en avait besoin pour fêter ses quatre-vingt-dix ans ! Je lui ai répondu qu’alors, j’allais les chanter. Et lui, qu’il allait avancer son album ! Finalement, il a interprété une des deux chansons. Quant à Jipé Nataf, je ne le connaissais pas personnellement. Il m’a fait parvenir une musique qui m’intéressait, j’ai écrit un texte dessus. Art Mengo et Marie Nimier m’ont envoyé une chanson toute prête. Le texte de Marie est très joli. Je ne saurais pas l’écrire, mais il me donne envie de chanter. C’est intéressant de pouvoir chanter un morceau qui n’est pas de vous mais qui vous colle.
Il y a aussi un duo et un trio avec Johnny...
Eddy Mitchell. En avril dernier, Johnny m’appelle pour que je lui prépare une chanson. Je lui ai proposé d’en chanter une que j’avais terminée pour mon album, et de la mettre sur le disque avant moi. C’était On veut des légendes. Il a trouvé qu’elle serait mieux en duo. Alors on l’a répétée et enregistrée aux États-Unis, où nous étions en même temps. Quant à Little Richard, il nous a cloués ! Il est arrivé en limousine avec les gardes du corps, la perruque, les chaussures en diamants ! (Rires.) Comme il avait déjà repris la chanson de Cochran, Something Else (Elle est terrible), on a décidé de la faire ensemble, dans les deux langues !
Quant aux autres chansons, c’est Claude Moine qui écrit et Eddy qui chante ?
Eddy Mitchell. (Rires.) Non ! D’abord, je n’écris qu’à partir de musiques. Je note des idées de temps en temps, mais je ne m’en sers finalement qu’assez peu. C’est la musique qui va me projeter une image à travers laquelle je trouve un texte. Le Seul Survivant, par exemple, est inspiré du roman Je suis une légende, de Richard Matheson, d’où je suis parti vers autre chose : un petit scénario...
... où vous égratignez Bush, « nouveau va-t-en guerre ex-alcoolique », « menteur mais pourtant président » dans Ma Nouvelle-Orléans...
Eddy Mitchell. Je ne m’en prends pas à Bush... Enfin, si ! Et ça fait du bien de dire que Bush me gonfle vraiment. On en finit avec quelque chose qui « prenait la tête ». On ne peut pas dire que la guerre en Irak soit juste. Elle n’est qu’un prétexte pour aller voler l’argent des autres. Pour le pognon, c’est grave. De toute façon, je ne crois pas qu’il y ait des guerres justes.
Dans cet album, l’Amérique est très présente. Que représente-t-elle pour vous ?
Eddy Mitchell. L’Amérique que j’aime n’est pas celle des villes, mais l’Amérique profonde et belle : le Nouveau Mexique, le Colorado, l’Arizona. Celle venue avec le cinéma quand j’étais gosse. C’était mon père qui m’y emmenait. Dans les westerns, les décors magnifiques faisaient rêver. On avait envie d’être dedans, de se projeter !
Dans l’Amour au coin de la rue, vous évoquez la « crise des banlieues ». Pourquoi ?
Eddy Mitchell. Pour dédramatiser. Une fois de plus, j’ai été énervé d’entendre des gens dire : il faudrait faire ceci ou cela, alors qu’ils ne connaissent pas ces jeunes, ni leur langage, ni leurs aspirations ! Ce n’est pas en passant rapidement en voiture dans ces banlieues qu’on va savoir ce que les jeunes pensent.
Vous mettez en chanson la « crise du disque » dans Je t’en veux pas.
Eddy Mitchell. La logique est implacable : on ne peut pas retourner en arrière. Il ne faut pas oublier que lorsque le groupe Philips a vendu son catalogue musical à Universal, il a sorti les copieurs le lendemain. Le client, appelé pirate, n’a rien inventé. Les maisons de disque ont cru que ce serait un plus, mais c’est l’inverse ! Le CD traditionnel est appelé à mourir.
Finalement, cet album, au coeur de l’actualité, est politique...
Eddy Mitchell. Non, car je ne donne pas de leçons mais un regard presque journalistique. Un chanteur ne peut pas toujours chanter « je t’aime » ! Une chanson ne va pas changer le monde mais elle peut être un constat de son époque. J’ai un côté chroniqueur. Mais dire : « Faites comme ci ou comme ça », non !
Propos recueillis par Fabien Perrier
Jambalaya est le nom d’un plat typique de Louisiane, un mélange de toutes sortes d’ingrédients... mais aussi celui de l’album d’Eddy - Mitchell, alias Claude Moine, sorti en - octobre 2006, et encore celui de la tournée qu’il - entame. Ouragan Katrina, George W. Bush, crise des banlieues, interdiction de fumer, tous ces thèmes sont croqués avec humour par la plume du chanteur chroniqueur. Et sur scène aussi, l’Amérique est là, omniprésente ! Les rythmes, bien sûr, aux accents rock, country ou blues. Les musiciens aussi : sur les sept compagnons de tournée d’Eddy Mitchell, cinq sont venus tout droit des États-Unis. Le décor enfin : la reproduction d’une rue de Louisiane. Monsieur Eddy entre, habillé comme dans un western, par des portes qui ressemblent fort à celles d’un saloon. Visiblement en forme, il enchaîne pendant deux heures chansons du nouvel album et incontournables, introduit avec humour ses chansons et fait voyager dans l’Amérique qu’il aime. Le Jambalaya Tour, lancé mardi 6 mars à Paris, sillonnera la France jusqu’à la fin du mois de juillet.
F. P.
Articles parus dans l'édition du 10 mars 2007.
Photo réalisée en 2006 pour l'album «Jambalaya». ©Benjamin De Biesbach
Libellés : Musique
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