jeudi, avril 19, 2007

Mano Solo enchante son jardin


Sur In the Garden, vous jouez en formation réduite. Pourquoi ce changement ?
Mano Solo. Je veux pouvoir faire évoluer la musique en cours de route, liberté que l’on n’a pas avec un gros groupe ! J’adorais le groupe The Animals et la musique que l’on faisait mais au bout d’un an, je ne supportais plus car je ne pouvais rien changer. Quand je montais sur scène, à la fin, j’avais l’impression d’aller au turbin. Je suis donc revenu à un groupe de travail. À quatre, on se respecte plus entre musiciens, on s’écoute mieux les uns les autres, on partage l’univers de chacun. Et ça donne la musique que l’on a créée en commun pour cet - album...
Plus festif que les précédents...
Mano Solo. C’est vrai, il est plein d’énergie même s’il y a des choses vraiment dures aussi. Mais il n’est pas triste. Sans la rythmique, à quatre il ne reste que la vraie énergie, - vivante.
Dans quel contexte écrivez-vous les chansons ?
Mano Solo. Je déteste - expliquer mes chansons ! Les chansons, c’est tout le temps de la mauvaise foi. On parle d’autre chose pour taire la - vérité, celle que l’on a envie de dire mais que l’on ne dit jamais. C’est un rideau pour rendre écoutable par les autres quelque chose que l’on veut cacher ou pour en parler sans le dire. La plus belle preuve, c’est Au creux de ton bras. J’étais loin, depuis longtemps, de cette journée de junky que je raconte dans cette chanson. Et je l’ai écrite ce jour-là pour ne pas parler d’une fille dont j’étais fou amoureux. Expliquer ce que l’on a écrit oblige à remettre les choses à plat. Une chanson a autant d’interprétations que de gens qui l’écoutent. Ils se font des histoires qui n’ont parfois rien à voir avec mes chansons mais il vaut mieux laisser à chacun sa compréhension de la chanson...
Une chanson est-elle un - engagement ?
Mano Solo. Sur cet album, il y a une volonté de gentiment régler certains comptes... Les plus à plaindre ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Ma vie, je la souhaite à beaucoup de ceux qui écrivent que je suis un type malheureux ! J’en ai marre que des scribouillards fassent du pathos sur quelque chose qu’ils ne connaissent pas, sur un personnage qui n’a jamais existé. Stigmatiser la maladie de quelqu’un pendant quinze ans est révélateur du fait qu’eux ne puissent s’en passer. Ils n’ont pas compris ce qu’étaient les droits de l’homme. Quand j’entre dans une pièce, ils voient entrer un sidéen au lieu de voir un homme. Ma réponse tranquille, c’est In the Garden. Le plus heureux, c’est l’homme libre. Je suis dans une réussite que je souhaite à bien des gens.
Ce soir, au Phénix, à 19 heures.
Propos recueillis par Fabien Perrier

Tranches de vie, tranches d’amour

In the Garden, de Mano Solo, La Marmaille nue/l’Autre distribution.
Sur la pochette de In the Garden, un dessin de Mano Solo représente la tête d’un homme, coiffée d’un chapeau. Elle fait penser à celle d’un des albums de Trenet. Une jolie proximité qui s’accorde bien avec le contenu. Des accents du temps des bals musette s’échappent de la formation réduite : Regis Gizavo à l’accordéon, Daniel Jamet à la guitare, Fabrice Gratien au piano et à la trompette. Et Mano qui chante Solo, en grattant ses cordes.
L’opus peut paraître plus dépouillé que les précédents, mais il est d’une énergie et d’une fraîcheur bienvenues en ce printemps électoral. Composé dans le jardin, In the Garden comporte douze chansons, tranches de vie, tranches d’amour ou réflexions du jour. Paroles de Mano Solo, aidé pour la musique et les arrangements de ses musiciens. Ce travail artisanal, l’artiste le revendique : « Nous sommes surtout des gens qui ont construit notre emploi », affirme-t-il en explicitant : « C’est quelque chose qui ne se dit pas dans la société mais qui est très valorisé ailleurs... sauf pour les artistes. »
Lui continue de créer en peignant, en écrivant et en chantant. Il livre un album généreux et empli de coups de griffe à tous ceux qui veulent enterrer l’artiste vivant.
Dates de la tournée sur : www.manosolo.net
F. P.
Articles parus dans l'édition du 18 avril 2007.

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