vendredi, avril 13, 2007

Les engagements rêveurs du 26 Pinel

Surprise . Pour son deuxième album, le groupe 26 Pinel emmène en voyage au pays des songes. Et sur scène, leurs songes deviennent réalité.

Leur nom : 26 Pinel. Bien étrange pour un groupe de musique. À y regarder de plus près, l’étrangeté cède pourtant sa place à l’évidence. En 1796, le médecin Philippe Pinel exerce à l’hôpital Bicêtre et libère les aliénés de leurs chaînes. En 1996, à Saint-Denis (93), au 26 de la rue Pinel exactement, Nicolas Roudier, guitariste, Nicolas Krassilchik, batteur et percussionniste, et Rémi Sagot, contrebassiste, rencontrent Alejandra Gatica, chanteuse et comédienne. Le groupe est né. Une bande de joyeux déjantés qui s’évadent en musique... et par le rêve.

Onirique, tel est le premier qualificatif qui vient à l’esprit à l’écoute de leur deuxième album au titre explicite : Conversation de fin de rêve. Illusions et jeux de mots s’y côtoient. Émotion et évasion s’y rencontrent. Ce 7e ciel harmonieux est atteint sur des rythmes tantôt pop, soul, latino ou aux accents jazzy. « Ces univers musicaux différents s’expliquent par les parcours variés des musiciens », selon Alejandra Gatica. Qui ajoute : « L’un est de formation plutôt classique, un autre très marqué par la musique noire américaine, l’autre par la musique brésilienne... et David Bowie. » Quant à elle, elle aime autant le rap que la soul ou la musique d’Amérique latine, héritage de sa famille chilienne. Quelques références en témoignent, comme les chansons qu’elle a écrites en espagnol. Ou la reprise, riche en symbole, du refrain « el pueblo unido jamas sera vencido » des Quilapayun, mythique groupe chilien qui a combattu la dictature de Pinochet. 26 Pinel ose. Ils vont jusqu’à insérer un couplet de l’Internationale dans un de leurs morceaux, en clin d’oeil à la révolution, ou à donner de petits coups de griffe à « féegolène Royal ». Cherchent-ils pour autant à donner leur avis à travers leur musique ? « Nous ne sommes pas un groupe à message », répond Alejandra Gatica. En fait, Nicolas Roudier écrit et compose les chansons. « Lui me donne les mots, moi j’en fais ce que je veux. Lui écrit, met quelque chose derrière, moi je mets parfois autre chose », continue ainsi la chanteuse. Et comme elle est « peut-être la plus engagée du groupe, c’est (elle) qui en rajoute », reconnaît-elle. Mais si elle en rajoute, c’est avec humour et pour prendre un peu de distance. Comme dans la mise en scène avec, par exemple, l’entrée d’un ange ou l’arrivée de petits écoliers sur Ne veux pas, complainte d’un élève qui ne veut pas aller à l’école mais qui, comme le groupe, joue sur les mots et leur sens. Leur engagement est peut-être là, dans leur interrogation sur nos capacités à nous évader. Comme le montre la couverture de leur album : les quatre membres du groupe trônent au milieu des nuages sur des chaises immenses. Un brin absurde ? Sans doute... mais très beau et riche en surprises. À l’image de 26 Pinel, à la bonne humeur communicative. Pour rêver ou fêter, il faut les écouter.

26 Pinel, Conversation de fin de rêve, Olympic Disk.

Toutes les dates sur : www.26pinel.net
Fabien Perrier
Article paru dans l'édition du 13 avril 2007.

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