À Ivry, sous le soleil des Antilles
Le chanteur Dédé Saint-Prix, qui a notamment créé le groupe Malavoi, est en résidence au théâtre Antoine-Vitez d’Ivry.
Depuis le mois de novembre 2006, la ville d’Ivry, ses habitants, et son théâtre Antoine-Vitez vivent sous le soleil des Antilles. Un soleil amené par la musique de Dédé Saint-Prix. Martiniquais d’origine, ce chanteur plein d’humour surnommé le «griot des îles» est actuellement en résidence au théâtre, jusqu’au 27 juin. L’idée est généreuse : donner à un chanteur le temps de chercher et de tâtonner pour construire son spectacle, en dehors de toute rentabilité à court terme. Bref offrir «la possibilité de mettre en place une création musicale et scénique» comme l’explique la directrice du théâtre, Leïla Cukierman, qui a créé ce concept. Juliette, Alain Leprest, Sarclo ou André Minvielle, par exemple, sont déjà passés par là et ont parfois ainsi été repérés par le public, les médias, ou des professionnels de la musique. De leur côté, les artistes s’engagent dans la vie de la cité : ils animent des ateliers dans les écoles de la ville, à la maison d’arrêt de Fresnes, à la médiathèque ou au sein de la chorale. «Ce travail apporte aux habitants la découverte d’un artiste, d’une culture, la possibilité de se connaître et de se reconnaître, dans la rencontre», souligne Leïla Cukierman, avant d’ajouter : «Connaître l’autre, c’est se respecter soi-même.» La directrice du théâtre, qui se dit «extrêmement sensible aux questions de croisement des formes artistiques, de l’hybridation des cultures et notamment au thème de la créolisation», a donc invité Dédé Saint-Prix cette année pour une création sur le métissage.
L’artiste est enchanté de l’offre qui lui a été faite : «Comme j’ai eu l’opportunité de créer, je ne me suis pas gêné !» affirme-t-il. Et c’est tant mieux. La création qui résulte de ces mois de travail, Mélanj, est riche en couleurs, en sens et en sons. Le chanteur a raison : c’est «un bébé qui a été bien élevé avec l’aide de toute l’équipe du théâtre». Sur scène, ils sont quatre à faire entendre des voix aux grains différents. Les instruments sont variés : lui officie aux percussions ou à la flûte, accompagné de la pianiste Sylviane Lorté, de Marie-Céline Chroné aux percussions (ti bwa et cha-cha) et d’Ismaël Wonder, à la guitare ou aux percussions. Dédé Saint-Prix et ses compagnons emmènent le public aux Antilles, à la découverte de ses musiques traditionnelles, comme la haute taille, le bélé, la mizik chouval bwa... et même le décor représente une cour antillaise. Dans quatre langues, le créole, le français, le peul et le bambara, le griot des îles chante la différence, la tolérance et la générosité, et réfléchit sur le métissage. «Le créole s’est inspiré du français, de l’anglais et des langues africaines. Nous, nous sommes en paix. Et nous transformons tout ce qui a été malheur, ou est encore souffrance, en bonheur, en chanson. C’est une manière d’exorciser tout cela», affirme ce passeur de musique. Bonheur contagieux : dès les premiers morceaux, la bonne humeur qui règne sur scène se répand dans la salle. Ambiance tropicale, mais loin des clichés !
CD : Mélanj, chez Buda Music.
Fabien Perrier
Article paru dans l'édition du 28 avril 2007.
Depuis le mois de novembre 2006, la ville d’Ivry, ses habitants, et son théâtre Antoine-Vitez vivent sous le soleil des Antilles. Un soleil amené par la musique de Dédé Saint-Prix. Martiniquais d’origine, ce chanteur plein d’humour surnommé le «griot des îles» est actuellement en résidence au théâtre, jusqu’au 27 juin. L’idée est généreuse : donner à un chanteur le temps de chercher et de tâtonner pour construire son spectacle, en dehors de toute rentabilité à court terme. Bref offrir «la possibilité de mettre en place une création musicale et scénique» comme l’explique la directrice du théâtre, Leïla Cukierman, qui a créé ce concept. Juliette, Alain Leprest, Sarclo ou André Minvielle, par exemple, sont déjà passés par là et ont parfois ainsi été repérés par le public, les médias, ou des professionnels de la musique. De leur côté, les artistes s’engagent dans la vie de la cité : ils animent des ateliers dans les écoles de la ville, à la maison d’arrêt de Fresnes, à la médiathèque ou au sein de la chorale. «Ce travail apporte aux habitants la découverte d’un artiste, d’une culture, la possibilité de se connaître et de se reconnaître, dans la rencontre», souligne Leïla Cukierman, avant d’ajouter : «Connaître l’autre, c’est se respecter soi-même.» La directrice du théâtre, qui se dit «extrêmement sensible aux questions de croisement des formes artistiques, de l’hybridation des cultures et notamment au thème de la créolisation», a donc invité Dédé Saint-Prix cette année pour une création sur le métissage.
L’artiste est enchanté de l’offre qui lui a été faite : «Comme j’ai eu l’opportunité de créer, je ne me suis pas gêné !» affirme-t-il. Et c’est tant mieux. La création qui résulte de ces mois de travail, Mélanj, est riche en couleurs, en sens et en sons. Le chanteur a raison : c’est «un bébé qui a été bien élevé avec l’aide de toute l’équipe du théâtre». Sur scène, ils sont quatre à faire entendre des voix aux grains différents. Les instruments sont variés : lui officie aux percussions ou à la flûte, accompagné de la pianiste Sylviane Lorté, de Marie-Céline Chroné aux percussions (ti bwa et cha-cha) et d’Ismaël Wonder, à la guitare ou aux percussions. Dédé Saint-Prix et ses compagnons emmènent le public aux Antilles, à la découverte de ses musiques traditionnelles, comme la haute taille, le bélé, la mizik chouval bwa... et même le décor représente une cour antillaise. Dans quatre langues, le créole, le français, le peul et le bambara, le griot des îles chante la différence, la tolérance et la générosité, et réfléchit sur le métissage. «Le créole s’est inspiré du français, de l’anglais et des langues africaines. Nous, nous sommes en paix. Et nous transformons tout ce qui a été malheur, ou est encore souffrance, en bonheur, en chanson. C’est une manière d’exorciser tout cela», affirme ce passeur de musique. Bonheur contagieux : dès les premiers morceaux, la bonne humeur qui règne sur scène se répand dans la salle. Ambiance tropicale, mais loin des clichés !
CD : Mélanj, chez Buda Music.
Fabien Perrier
Article paru dans l'édition du 28 avril 2007.
Page Web
Libellés : Musique
0 réponse de palourde:
Enregistrer un commentaire
<< Maison