samedi, avril 21, 2007

Pour la 1ère tournée, vote pour qui te plaît!

Bon, les Amis. Je ne vais pas réexpliquer tout ce que j'ai dit aux uns et aux autres lors de nos discussions à caractère hautement politique. Il n'y a jamais eu de baston à la fin des dîners, mais avouons-le, l'élection qui arrive a un petit goût bizarre. Amère tant le souvenir du 21 avril 2002 est présent dans toutes les têtes. Un goût peut-être semblable à celui que les Dreyfusards avaient dans la bouche à une autre époque. Le goût de ceux qui ne sont pas entendus, mais auxquels l'histoire finit par donner raison. Amère aussi parce que la campagne n'a peut-être pas tant abordé les sujets de fond que cela. D'ailleurs, reconnaissons-le d'emblée, dans ces mêmes discussions, plus souvent, le débat a plus porté sur la stratégie que sur le contenu. Si je ne vote pas Ségo, est-ce que je ne risque pas d'avoir Le Pen au 2nd tour. Si je vote Ségo dès le 1er tour, est-ce qu'elle a des chances de recueillir assez de voix au 2nd pour l'emporter? Et si oui, lesquelles? Enfin, partant, sera-t-elle en situation de mener, par obligation et respect pour ses partenaires, une politique que l'on peut espérer de gauche?
Peu souvent, la question: "mais qu'est-ce qu'une politique de gauche dans le contexte actuel?" a été abordée. Plus souvent, c'est la peur de Sarkozy et de Le Pen qui a guidé la réflexion. Je ne reviendrai pas sur la dangerosité de ces deux personnages, elle est acquise, et je l'espère connue dans mon entourage - qu'il s'agisse des questions de culture, de liberté personnelle, de questions sociales etc. Plus souvent, le dégoût chez certains de voir Mme Royal mener la campagne pour le PS a pris le pas sur le goût de s'intéresser au fond des choses. Mais un candidat n'est-il pas, normalement, le représentant essentiel de son parti? Est-ce donc le candidat qui doit inspirer la méfiance?
Demain, donc, nous irons voter. Enfin, j'irai, c'est sûr, comme tout calamar qui se respecte, avec quelques constats en tête. Premier constat, nos institutions vont mal: la multiplicité des partis présents, l'émergence de candidats issus de nulle part mais capable de recueillir 500 signatures d'élus pour se présenter, l'inquiétude sur les alliances possibles etc.. Deuxième constat, les médias ont joué un rôle globalement favorable aux "grands" candidats, plus exactement, aux candidats des deux gros partis (PS et UMP) avec l'apparition quasi inattendue d'un Bayrou, comme celle d'un médiateur entre la Gauche et la Droite - n'oublions pas, d'ailleurs, que nombreux sont les anciens de l'UDF à appeler à voter pour Sarkozy, ni la couleur des gouvernements dans lesquels Bayrou était présent. Tout cela, Monsieur Rocard a l'air de l'oublier. Il faut dire que Michel R. avait déjà un peu cassé son parti dans Le Monde au moment de la loi sur les retraites, accordant son soutien au gouvernement en place, Raffarin je ne sais plus combien. Cela mène à un troisième constat: le PS est bien plus divisé qu'il n'y paraît, et si ce n'était une machine politique, avec distribution de postes à la clé, il y a fort à parier qu'il aurait implosé depuis quelques mois (cf. les résultats du référendum, la machine à battre Fabius mise en place etc.).
Il faudrait donc, dans ces conditions, "voter utile au 1er tour". Qu'est-ce qu'un vote utile? Celui pour ses convictions, pour un programme? Ou celui contre quelqu'un, un ennemi qui sert surtout à retrouver la cohésion par ailleurs introuvable d'un point de vue programmatique? Mon choix est fait. Un vote utile, c'est un vote de conviction. C'est aussi, et plus encore, un vote qui place les partis dans un rapport de force pour les trois autres tours qui arrivent. Car peu de journalistes rappellent qu'après le 22 avril, il y aura, bien sûr, 3 autres tours que sont le 2nd tour des Présidentielles et les deux tours des législatives. Or, les législatives sont bien plus importantes que les présidentielles: ce sont nos députés, ne l'oublions pas, qui votent les lois. Et selon la majorité présente au parlement sera décidé le gouvernement et sa composition. Scrutin par circonscription, cette fois, pour la représentation du peuple à l'Assemblée Nationale. Il suffit, parfois, qu'un parti ne présente pas de candidat pour qu'une couleur politique gagne. Exemple: si le PS soutient les Verts ou le PC dans certaines circonscriptions gagnables par l'union, l'unanimité mène à la victoire de la gauche. En revanche, si chaque parti présente son candidat, face à la machine UMP, les chances de l'emporter sont moindres. Or, ces calculs sont faits très précisément en prenant en compte les résultats aux différentes élections... dont à celles qui vont arriver.
Ce qui me ramène au 1er tour, de demain. Voter utile au 1er tour, comme certains nous y invitent, n'est qu'une façon de laminer la gauche, sur le long terme. D'une part, parce que si nous votons tous pour une candidate qui arriverait au 2nd tour sans réservoir de voix à gauche, elle n'a aucune chance de l'emporter au final (la majorité des voix de l'UDF ne se reporteront pas vers elle, relisez ce que j'ai écrit sur Bayrou avant!). D'autre part, parce que ce même parti sera dans une position de force en réalité fictive pour négocier les législatives. Fictive, car le vote ne reflétera pas l'opinion fondamentale des citoyens, mais la stratégie mise en oeuvre pour des raisons de peur. Enfin, parce que ce parti n'aura pas d'opposition interne, celle qui mène à prendre toutes les mesures phare, qu'on se rappelle les combats, dans le gouvernement de gauche plurielle, de Marie-Georges Buffet alors Ministre de la Jeunesse et des Sports ou de Dominique Voynet alors Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement. Vous me direz: "il n'y en a pas eu beaucoup, alors, de mesures de gauche". Que sont la CMU, les 35 heures, les emplois jeunes? Ensuite, il y en aurait peut-être eu plus encore si les partis "de l'opposition interne" avaient été mieux représentés, mis en position de force et non en position de combat permanent.
Une seule conclusion s'impose: A la première tournée, vote pour qui te plaît! Et le 1er mai, fais ce qu'il te plaît, bien sûr. J'aurais tendance à vous dire, ce qui plaît, c'est plutôt la couleur que le rose délavé... Des couleurs il y en a, en veux-tu en voilà par ici ou par-là!

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