Ljubljana sous le signe de l’Euromanif
Ljubljana (Slovénie), envoyé spécial.
« Nous disons non à la pression des employeurs ! Nous disons non à ceux qui réclament des restrictions budgétaires. » En prononçant ces quelques mots le 4 avril depuis Ljubljana, en Slovénie, lors de la présentation de l’Euromanifestation qui s’y tient aujourd’hui, John Monks n’ignorait sans doute pas être en parfaite opposition avec les ministres des Finances européens, les représentants de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne, réunis en Eurogroupe à quelques kilomètres de là.
De concert, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, et Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe des ministres des Finances, ont, de leur côté, appelé les gouvernements à faire tout leur possible pour assurer la maîtrise des salaires. « Nous encourageons les gouvernements à faire tout ce qu’ils peuvent, dans leur propre domaine de compétence, pour diminuer les risques que nous observons du côté de l’inflation », a, par exemple, déclaré Jean-Claude Trichet. Et il a notamment appelé les ministres des Finances à éviter d’alimenter les « effets de second tour », autrement dit une spirale inflationniste du côté des salaires.
Du côté des syndicats, le discours était tout autre. Dès son congrès, tenu à Séville en 2007, la CES avait décidé de mener la bataille du pouvoir d’achat. Plus que jamais, l’actualité lui donne raison. Avec un taux d’inflation record en mars (3,5 %) et des salaires qui stagnent, les citoyens européens en ont assez de voir leur pouvoir d’achat amputé, d’être précarisés et mis sous pression.
« Il est nécessaire d’envoyer des messages aux ministres européens de l’Économie et des Finances », a ainsi déclaré John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats. Le premier message : exprimer les attentes des salariés dont « le pouvoir d’achat est en déclin » et revendiquer une augmentation des salaires et du pouvoir d’achat afin de stimuler la demande. Le deuxième : combattre la hausse des inégalités et la pauvreté, et instaurer des salaires minimaux décents. Le troisième : atteindre l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes. Viennent ensuite d’autres points : des négociations collectives plus solides, notamment pour mettre un terme au dumping social ; des salaires équitables pour le secteur public, les travailleurs intérimaires et mobiles ; favoriser l’apprentissage tout au long de la vie et limiter les revenus des patrons. Bref, « nous sommes là pour faire face aux autorités européennes », a souligné John Monks.
Dans un entretien accordé à l’Humanité, Dusan Semolic, le président de la ZSSS (Fédération des syndicats libres slovènes), a confirmé cette analyse, en la déclinant en slovène. « La croissance économique est bonne, la productivité et les profits sont en hausse, mais les salaires ne réfléchissent pas ces évolutions alors que le coût de la vie augmente », a-t-il expliqué. Il s’attend donc à une participation importante des salariés slovènes qui clôtureront la manifestation de cet après-midi.
55 syndicats y participeront, issus de 27 pays différents. Plus de 35 000 manifestants sont attendus. Et pour donner du courage à leur lutte, les salariés des quatre coins de l’Europe seront accueillis en musique, en fin de manifestation. Discours et concerts se mêleront, aux abords du palais des Congrès, et si tout va bien, sous le soleil, exactement.
Fabien Perrier
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