De joyeux anciens venus du Québec
Musique. Mes aïeux, un groupe québécois à écouter attentivement et à découvrir sur scène absolument.
Tire-toi une bûche, le nouveau coffret CD-DVD du groupe québécois Mes aïeux, commence par Lettre à ma descendance. Dernière phrase de cette lettre : « Chante, et le Québec ne mourra pas. » Cette introduction situe parfaitement l’univers de Mes aïeux. En 1995, les Québécois sont appelés à se prononcer, par référendum, sur leur souveraineté - autrement dit, leur indépendance vis-à-vis du Canada. Pour la deuxième fois, c’est un échec pour les indépendantistes. « Nous voulions ne pas laisser mourir cette culture québécoise francophone, la célébrer pour avoir du plaisir », explique Stéphane Archambault, le parolier et un des fondateurs du groupe. « Alors nous avons mis ensemble un paquet d’influences musicales québécoises et mondiales, autour de ce ciment qu’est le folklore ». Et ainsi ce qui n’était qu’une bande d’amis grattant quelques airs en soirée va prendre de let jouer dans des bars, puis dans des salles sans cesse plus grandes.
Ils sont aujourd’hui sept à arpenter les routes du Québec et maintenant d’Europe avec leurs airs inclassables. Traditionnels ? Sans doute, mais le qualificatif est restrictif. Folkloriques ? C’est la base de leur travail, mais le mot n’en révèle pas l’étendue et la modernisation qu’ils apportent. Festifs ? Assurément, à en voir les spectacles où les foules sont vite debout à se dandiner sur leurs rythmes divers, du rock au reggae, du flamenco au rap, en passant par des moments plus « trad ». Assurément aussi parce que le groupe joue réellement ses chansons, les interprète au sens littéral du terme. Ils sont dans la droite continuité de leur formation en théâtre, directement perceptible sur scène. Ils osent, se lancent dans des reprises incongrues, travestissent les paroles pour exprimer tout haut ce qu’ils pensent. « J’écris les textes, ça passe par le comité ; et tout le monde doit accepter chacune des phrases, assumer chaque mot dit », précise Stéphane Archambault. C’est peut-être là une des marques de leurs qualités : savoir partir d’une culture commune pour faire passer un message. Car au Québec, « tout ce qui est culturel devient rapidement politique. Le fait d’opter pour le français dans une mer d’anglophonie est un geste de résistance ». Mais leur résistance va plus loin et la portée de leurs propos dépasse largement les frontières de leur contrée.
Dégénérations, par exemple, narre l’évolution d’une famille, sur fond de dénatalité et de montée de l’individualisme - chanson qui leur a permis de se faire remarquer du généticien et philosophe Albert Jacquard. Dans Qui nous mène ? la métaphore maritime est là pour appeler au courage face aux gouvernements qui se laissent submerger par le flot de la mondialisation. Et, enfin, Remède miracle s’en prend avec humour à la surmédication, une chorégraphie délirante accompagnant la prestation scénique. Si Mes aïeux veulent amener les gens à réfléchir et prendre conscience des problèmes de notre société, ils savent que « la chanson doit prétendre être l’étincelle qui met le feu, mais elle n’est pas le feu. L’engagement, c’est sur le terrain social, dans le mouvement ». Entre tradition, réflexion et modernité, Mes aïeux rappellent quelques vérités et allument plein de petites étincelles, dont celles du plaisir des oreilles, de la fête et de la résistance.
(1) Mes aïeux : Tire-toi une bûche (disques Victoire).
En tournée en juillet :
le 13 à Montivilliers, le 14 aux FrancoFolies de La Rochelle, le 15 à Valras, le 17 à Châlons-en-Champagne, le 19 aux FrancoFolies de Spa, le 21 à Cannes et le 22 à Rochefort. Toutes les dates sur le site : http://mesaieux.qc.ca
Fabien Perrier
Tire-toi une bûche, le nouveau coffret CD-DVD du groupe québécois Mes aïeux, commence par Lettre à ma descendance. Dernière phrase de cette lettre : « Chante, et le Québec ne mourra pas. » Cette introduction situe parfaitement l’univers de Mes aïeux. En 1995, les Québécois sont appelés à se prononcer, par référendum, sur leur souveraineté - autrement dit, leur indépendance vis-à-vis du Canada. Pour la deuxième fois, c’est un échec pour les indépendantistes. « Nous voulions ne pas laisser mourir cette culture québécoise francophone, la célébrer pour avoir du plaisir », explique Stéphane Archambault, le parolier et un des fondateurs du groupe. « Alors nous avons mis ensemble un paquet d’influences musicales québécoises et mondiales, autour de ce ciment qu’est le folklore ». Et ainsi ce qui n’était qu’une bande d’amis grattant quelques airs en soirée va prendre de let jouer dans des bars, puis dans des salles sans cesse plus grandes.
Ils sont aujourd’hui sept à arpenter les routes du Québec et maintenant d’Europe avec leurs airs inclassables. Traditionnels ? Sans doute, mais le qualificatif est restrictif. Folkloriques ? C’est la base de leur travail, mais le mot n’en révèle pas l’étendue et la modernisation qu’ils apportent. Festifs ? Assurément, à en voir les spectacles où les foules sont vite debout à se dandiner sur leurs rythmes divers, du rock au reggae, du flamenco au rap, en passant par des moments plus « trad ». Assurément aussi parce que le groupe joue réellement ses chansons, les interprète au sens littéral du terme. Ils sont dans la droite continuité de leur formation en théâtre, directement perceptible sur scène. Ils osent, se lancent dans des reprises incongrues, travestissent les paroles pour exprimer tout haut ce qu’ils pensent. « J’écris les textes, ça passe par le comité ; et tout le monde doit accepter chacune des phrases, assumer chaque mot dit », précise Stéphane Archambault. C’est peut-être là une des marques de leurs qualités : savoir partir d’une culture commune pour faire passer un message. Car au Québec, « tout ce qui est culturel devient rapidement politique. Le fait d’opter pour le français dans une mer d’anglophonie est un geste de résistance ». Mais leur résistance va plus loin et la portée de leurs propos dépasse largement les frontières de leur contrée.
Dégénérations, par exemple, narre l’évolution d’une famille, sur fond de dénatalité et de montée de l’individualisme - chanson qui leur a permis de se faire remarquer du généticien et philosophe Albert Jacquard. Dans Qui nous mène ? la métaphore maritime est là pour appeler au courage face aux gouvernements qui se laissent submerger par le flot de la mondialisation. Et, enfin, Remède miracle s’en prend avec humour à la surmédication, une chorégraphie délirante accompagnant la prestation scénique. Si Mes aïeux veulent amener les gens à réfléchir et prendre conscience des problèmes de notre société, ils savent que « la chanson doit prétendre être l’étincelle qui met le feu, mais elle n’est pas le feu. L’engagement, c’est sur le terrain social, dans le mouvement ». Entre tradition, réflexion et modernité, Mes aïeux rappellent quelques vérités et allument plein de petites étincelles, dont celles du plaisir des oreilles, de la fête et de la résistance.
(1) Mes aïeux : Tire-toi une bûche (disques Victoire).
En tournée en juillet :
le 13 à Montivilliers, le 14 aux FrancoFolies de La Rochelle, le 15 à Valras, le 17 à Châlons-en-Champagne, le 19 aux FrancoFolies de Spa, le 21 à Cannes et le 22 à Rochefort. Toutes les dates sur le site : http://mesaieux.qc.ca
Fabien Perrier
Libellés : Festival Déferlantes francophones, Musique
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