Delerm célèbre sa der des ders...
Dans la catégorie des endurants scéniques, des immaîtrisables, des généreux, le premier nom qui vient en tête, c'est Higelin, prêt à chanter pendant des heures quand, moment magique, une véritable communion existe entre la scène et le public. Dans la catégorie des modèles de la "nouvelle scène", le nom d'Higelin, encore lui, est très souvent répété. Mais entre avoir un modèle, et en prendre le meilleur, il y a une marge, parfois un gouffre. Hier soir, à l'Olympia, on n'était pas déçu. Loin de là. Surprise. Beauté. Humour. Plaisir. Tels sont les mots qui s'imposent. Le concert de Delerm était fabuleux. Tout en humour, tout en générosité. Il commence par une projection. Sourires puis rires dans la salle avec ce film de vacances. Le rideau blanc tombe, les premières notes des Piqûres d'araignée retentissent sous un tonnerre d'applaudissements. Tout cela a un petit côté brechtien, inversé dans un certain sens. Brecht, dans ses pièces de théâtre, introduisait des morceaux de musique, des sons inattendus, des portes qui claquent, des passages drôles dans une triste réflexion, comme effets de style: ses fameux "effets de distanciation". Dans son concert, Delerm introduit des projections, raconte des anecdotes, plaisante, s'amuse et amuse. Qui n'avait pas vu ce concert à la Cigale en novembre dernier ne pouvait s'attendre à tant de mise en scène subtile, à un spectacle aussi construit. Qui révèle le travail de Delerm et de sa jolie bande de musiciens. Ni s'attendre aux petites surprises. Irène Jacob vient, pour un duo charmant, du tout premier album. Delerm joue au chef d'orchestre sur un karaoké avec Mes parents, le titre qui l'a fait connaître... Autodérision et distanciation encore. Alors, en fin de concert, envoûté, le public n'a pas envie qu'il parte. Premier bis: il enchaîne trois chansons. Dont une première, surprise encore, avec Jean Rochefort sur Félicie aussi. Deuxième bis: il en reprend deux. Troisième bis: il s'y colle de nouveau. Assis - debout - assis -debout. Le public est enthousiasmé. Cette fois, c'est la fin. Pas du tout! Il revient, seul. Et comme c'est le dernier concert, pas question de terminer seul. Ses musiciens le rejoignent, qui étaient déjà dans les loges, à se changer. Combien de fois est-il revenu exactement, acclamé à juste titre? Impossible de se le rappeler. Ceux qui ont cru que le concert était terminé, qui sont partis après les saluts le regretteront, car ils ont manqué la der des ders. Finie la tournée. Dommage, car on voudrait bien en redemander! Au rang des endurants scéniques, des généreux artistes, et des drôles de chanteurs, on sait maintenant qui ajouter.
Il faisait si beau à l'Olympia hier soir :-)
Il faisait si beau à l'Olympia hier soir :-)
Libellés : Humeur du jour partagée, Musique, Spectacle
4 réponse de palourde:
à noter que le côté brechtien de la chose n'est pleinement décelable qu'après ingestion de champagne et de vin blanc...
Cher Rastaboy, C'est parce que tu ne maîtrises pas Brecht... Ou alors, tu avais du sommeil à rattraper pendant le concert de Delerm et tu aurais dormi sans que je ne m'en aperçoive?
Ou alors, tu plongeais (déjà...) dans la piscine, projetée sur l'écran en début de concert. Enfin, tu vois quoi?
c'est qui ce rastaboy conservateur?
Moi j'aime pas Delerm mais je soutiens l'idée d'un côté brechtien, en toute impartialité bien sûr... (hm, j'ai pas vu le concert...)
Bisous!
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