samedi, novembre 03, 2007

Les Pink Martini sont là

Avouons-le d’emblée : à l’écoute du troisième album Hey Eugene !, la marque Pink Martini est évidente. Il est « sympathique », comme le chantait déjà sur son premier opus ce groupe de joyeux musiciens américains. Il caresse agréablement les oreilles, avec des morceaux qui alternent entre orchestration piano-bar et moments symphoniques. Il semble ancrer dans les années cinquante, qu’il s’agisse des compositions propres ou des reprises de classiques devenus des standarts du genre. Mais, derrière le « déjà-entendu » apparent, les tympans sont titillés par de petites touches inattendues : quelques passages de musique classique insérés, ou un morceau en arabe : Bukra Wba’ do. C’est une chanson égyptienne qui parle de « demain et du jour d’après »… et un clin d’oeil politique. Lorsqu’il était au pouvoir, George Bush père avait qualifié Portland de « petit Beyrouth » en raison de l’importance de son mouvement protestataire. Pour enregistrer ce titre, le groupe s’est donc entouré de 25 habitants de la ville qui reprennent le refrain en choeur. « Si nous avions trouvé une chanson irakienne, c’eût été mieux », affirme Thomas M. Lauderdale, le pianiste, fondateur du groupe. Pour lui, « il est difficile de trouver une ligne claire entre musique et engagement » et « la diversité est un objectif » qu’il veut défendre. Bref, ce CD insuffle la même bonne humeur contagieuse que celle qui se dégageait des deux précédents, en ajoutant quelques points de vue parsemés ici et là.

Sur scène, l’impression ressemble fortement à celle qui découle à l’écoute de l’album. Tout est bien réglé, le spectateur se croit tour à tour attablé dans une petite salle où se produirait une chanteuse à la voix puissante accompagnée de son seul pianiste, ensuite à un concert typiquement « chanson française », ou enfin à une comédie musicale sur Broadway. Selon les morceaux, le groupe évolue en formation réduite ou en orchestre au grand complet. Les lumières jouent parfaitement avec les différents styles de musique. Et, à y regarder de plus près, si la première partie peut sembler un peu lente, la seconde est plus entraînante, presque irrésistible. Les morceaux, réarrangés, donnent une jolie place aux cuivres, la chanteuse fascine par sa présence vocale, et l’ambiance qui gagne la salle contribue à réchauffer les coeurs. Commercial ? Un peu, sans doute. Agréable ? Assurément, car Pink Martini, avec son style sympathique hors du temps, propage sans rougir ses chants d’amour, d’espoir et de fête à travers l’Europe et le monde.

Pink Martini, Hey Eugene !, Naïve (2007).
Tournée en France à partir du 2 novembre (www.pinkmartini.com).
Fabien Perrier
Article paru le 3 novembre 2007

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vendredi, novembre 02, 2007

Véronique Sanson en Champagne

Pour les vingt ans des Nuits de Champagne, la programmation ne pouvait qu’être pétillante. Et sur scène, des bulles de bonheur, il y en aura : des jeunes pousses aux artistes établis, des grands noms de la chanson française, du rock, de la chanson, des Français, des Suisses ou des Québécois… le cocktail promet d’être festif et réjouissant.
À la base, ce festival travaillait sur la voix. Puis l’écriture a pris le pas. À la jonction entre ces deux composantes essentielles de la chanson, une voix à nulle autre pareille sera l’invitée d’honneur : Véronique Sanson. Avec sa plume à fleur de peau, ses mots à fleur de coeur, elle se produira deux soirs consécutifs et, magie en perspective, la puissance de sa voix se mêlera à celle de 900 choristes qui accompagneront ses meilleurs textes et mélodies.
Mais ce moment phare ne doit pas faire oublier la richesse du reste de la programmation : Thomas Fersen, Stéphane Eicher, Daniel Lavoie, Laurent Voulzy, Michel Fugain, Vanessa Paradis, Kolin, Sanseverino, Maurane… longue est la liste des artistes présents qui symbolisent la qualité des textes et des voix. Enfin, ces Nuits de Champagne sont aussi l’occasion de découvrir de jeunes talents : Julie Rousseau, Ours, Skye, Barcella, et Lola Baï pourront se produire un soir durant le festival.

20e festival Nuits de Champagne, à Troyes, jusqu’au 3 novembre. Renseignements au 03 25 40 02 03 ou www.nuitsdechampagne.com.
F. P.
Article paru le 2 novembre 2007

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Youssou N’Dour, militant des causes justes

World . Dans son nouvel album Rokku mi rokka, le chanteur originaire du Sénégal se livre à une analyse de la société africaine, dans ses traditions et sa modernité.Youssou N’Dour sort un nouvel album, Rokku mi rokka (« prendre et donner »), et entame une série de concerts en France et à travers le monde. Cet artiste n’hésite pas à se servir de sa plume pour faire passer un message et livrer son point de vue sur l’état du monde. Rencontre avec un « militant des causes justes ».

Dans ce nouvel album, vous multipliez les références aux traditions. Quel regard portez-vous sur la modernité en Afrique ?
Youssou N’Dour. La société africaine est jeune. Elle a envie d’accéder aux choses modernes. Dans cette société, certaines visions de son peuple ont tendance à évoluer plus rapidement. Mais, dans la société africaine aussi, qui fonctionne d’une manière impressionnante, il y a des gens qui n’ont absolument pas besoin de cette évolution, qui sont vraiment contents. L’Afrique est complexe. Elle a une force : la solidarité. Par exemple, ce Peul que je chante habite dans le village ; il a tout ce qui lui faut et n’a pas besoin de tout ce que nous recherchons souvent, qui symbolise la réussite, l’enrichissement et plein de choses comme ça. Dans cette société, il est important de reconnaître qu’il y a des gens qui vivent simplement.

Dans Sportif, vous portez un jugement sur une société dans laquelle la concurrence est devenue une valeur puissante…
Youssou N’Dour. Le sport pour moi est un jeu. Là, je parle de la lutte, qui incarne la tradition sportive au Sénégal. Elle incarne aussi parfois l’esprit mystique. Mais quand un lutteur populaire perd, la rencontre peut dégénérer. Je chante pour rappeler que ce n’est qu’un sport. Il faut laisser de côté cet esprit de conflit. Tout peut devenir conflit : l’ethnie, la langue… Dans la musique que nous faisons, nous essayons de participer à la cohésion. La musique crée de la cohésion.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Youssou N’Dour. Je ne me souviens pas de comment partent mes notes, mes mélodies ou mes premiers jets de mots. Ça peut arriver n’importe où et n’importe quand. Et il y a un moment où je décide de développer ces idées. J’essaie de faire en sorte que la chanson soit vraiment bien structurée, en adéquation avec les musiciens et les instruments. Ce sont les mots qui nous parlent directement. Ce qui se passe chaque jour, dans notre société, donne des mots : les choses qui me plaisent ou qui me déplaisent. Mais ce n’est pas facile de parler de la société africaine aux Africains, et par la musique.

Votre message dépasse largement l’Afrique !
Youssou N’Dour. L’Afrique se parle d’abord entre elle : je pense que la musique permet aux Africains de se parler, d’avoir un langage. Ensuite, j’ai un message à faire passer aux gens qui ont une vision différente de l’Afrique. J’essaie de leur amener notre vision.

La musique doit-elle porter un message ?
Youssou N’Dour. Je crois que la musique peut porter un message. Par la musique, il peut passer plus rapidement, car on s’en lasse moins, contrairement aux discours que l’on entend une fois ou deux et ça suffit ! Une chanson, si elle a un message, peut vous changer les idées, et être quelque chose qui vous interpelle. Dans la mesure où la musique nous parle chaque jour, je crois qu’elle doit porter un message, pour le faire passer.

C’est revenir à défendre la chanson engagée ?
Youssou N’Dour. Oui. Mais la chanson engagée n’est pas seulement celle qui dénonce. C’est aussi celle qui vit la réalité, celle qui parle avec les gens, qui va dire « oui, ça nous le comprenons, oui, ça nous l’avons perçu ». Ce n’est pas seulement un discours de revendication, elle encourage les choses qui sont bien, dénonce celles qui ne le sont pas.

Chanter essentiellement en wolof, n’est-ce pas une entrave à la compréhension du message ?
Youssou N’Dour. Au début, c’était frustrant de chanter en wolof : je pensais que les gens n’entendaient pas directement ce que je disais. Mais nous chantons mieux dans notre langue. Et le public a aussi les disques et les interviews pour mieux comprendre ce que nous disons. Le français est perçu, chez nous, comme une langue de travail : pour l’école, les administrations… Dès le départ, ce n’est pas la langue que l’on peut utiliser pour parler de la tradition.

Que pensez-vous des déclarations de Nicolas Sarkozy sur « l’homme noir sorti de l’histoire » ?
Youssou N’Dour. Ce discours a été maladroit. L’Afrique a toujours trouvé des solutions à ses problèmes. La colonisation a mis toutes ces solutions dans les tiroirs. Elle nous en a imposé d’autres. Et je ne crois pas que le système mis en place par les colonialistes soit meilleur que le système qu’avaient trouvé nos ancêtres. Il faudrait que Nicolas Sarkozy et tous ceux qui sont dans son état d’esprit sachent qu’avant la colonisation il y a eu des solutions trouvées par nos ancêtres, qui eux aussi étaient des intellectuels. L’Afrique n’a pas besoin de recevoir des leçons de qui que ce soit. Je crois que nous avons nos voix, nos porte-voix pour parler.

Vous êtes ambassadeur de bonne volonté pour l’UNICEF. Comment concevez-vous cette fonction ?
Youssou N’Dour. C’est important que de défendre le droit des enfants, la justice, d’encourager l’UNICEF, cette branche des Nations unies. Cette fonction colle toujours à mon métier, à ma passion : la musique. Les gens comme nous, les artistes et les hommes publics, faisons passer le message rapidement.

Chanteur engagé, ambassadeur pour l’UNICEF, à la tête d’un groupe de presse… Il ne vous reste plus qu’un pas à franchir, celui de la politique ?
Youssou N’Dour. Non, ça ne m’intéresse pas ! Ce n’est pas une vocation, pas une possibilité. Je pense que ce qui est une possibilité, c’est de participer à l’évolution de l’Afrique en général et au Sénégal en particulier. Je pense qu’en Afrique, au Sénégal, d’éminentes personnalités économiques et sociales peuvent jouer des rôles. Mais les rôles des uns et des autres se complètent et je ne me vois pas faire de la politique.

Finalement, vous êtes un artiste militant ?
Youssou N’Dour. Je pense. La musique est une force. Je suis un militant des causes justes.

Entretien réalisé par Fabien Perrier

Un album tout en finesse

Youssou N’Dour nous livre onze chansons qui décryptent l’actualité, analysent la société africaine, s’intéressent à la tradition et à la modernité. Il ouvre les yeux sur le sport et l’usage pervers qui en est fait (Sportif), il décrit les comportements des peuples nomades (Paolo Ardo), qu’il oppose au Toucouleur qui change d’attitude parce qu’il a soudain de l’argent (Sama Gammou). Chantre de la tradition, Youssou N’Dour s’engage incontestablement avec Rokku mi rokka (Prendre et donner) intégralement en wolof.

F. P.

Articles parus le 2 novembre 2007

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jeudi, novembre 01, 2007

Un mois déjà... Ou le souvenir de Chips...

Voilà un mois que je n'ai pas laissé de post sur ce blog. Certains, accros (oui oui, j'ai mon fan club ;-)) continuent de visiter régulièrement ce lieu. En quête d'information sur ma petite personne car il est vrai qu'en ce moment, je ne vois plus grand monde. Vélo, boulot, dodo: tel est mon quotidien. Routinier. Un brin fermé.
Vélo, boulot, dodo: ça sonne calme, sage. Alors qu'au contraire, de calme il n'y a point.
Vélo, boulot, dodo: ça sonne écolo, rigolo. En fait, ça devient chérot... Même après le "Grenelle de l'environnement", il n'est pas bien vu de préférer les transports respectueux de l'environnement aux puissants 4x4, polluants, étouffants, envahissants, inquiétants, agaçants. Quotidiennement, pour aller gagner ma croûte, j'enfourche mon petit vélo. Il connait le chemin par cœur, prend les pistes cyclables. Aller le matin, retour le soir. Rien de plus classique, en somme. Comme mes journées sont longues, et mes nuits courtes, je profite parfois de ces écologiques temps de transport pour passer un ou deux coups de fil. Rapidement. Sur la piste cyclable, j'insiste. Téléphone en main gauche, main droite prêt à actionner le frein, je pédale au ralenti. Lorsque, mardi soir, vers 21h.15, John et Ponch, les deux acolytes sur le fidèle destrier motorisé s'arrête à mes côtés. Un instant, je me suis pensé dans Vidéogag, sans trop rire. Puis, j'ai compris que c'était vraiment Chips... et que j'allais bel et bien me prendre une prune, et une leçon de morale, bien sûr.
Oui les Amis. Les caisses de l'Etat sont vides, le Président s'alloue une augmentation sans commune mesure, la planète court à sa catastrophe en laissant proliférer 4x4 et autres gros consommateurs de pétrole, un gouvernement entier va jouer dans un Sarko-show corse, aux frais du contribuable et en dégageant une bonne dose de kérosène pour un aller-retour médiatique (accompagné de la nouvelle ORTF), ce même gouvernement vient nous expliquer à quel point il faut réduire les dépenses de CO2 mais les attaques envers les vélocyclistes, sauvages bien que règlementaires, augmentent sans cesse. Elles ont quelques avantages: en cette période électorale - les municipales approchent - décontenancer les Parisiens qui plébiscitent les Vél'lib et les vélos, donner l'illusion que l'on lutte efficacement contre l'insécurité routière - à propos, où ai-je lu que les plus gros excès de vitesse étaient commis par les membres de notre cher (sens financier, s'entend) gouvernement? - et remplir un peu plus les caisses de l'Etat - qui ont du mal à se renflouer malgré les ventes de quelques biens ou bâtiments nationaux (cf. l'Imprimerie Nationale). Sérieusement, quand je pense que John et Ponch sont maintenant rémunérés pour surveiller les pistes cyclables, confortablement assis sur leur BMW blanche, ornée des couleurs de la République, je me dis que je tiens peut-être les ficelles pour un scénario entre Les Gendarmes à Saint-Tropez, Chips et Les Ripoux.

Je deviendrai même milliardaire? Ben tiens, au moins, je pourrais sans problème payer les amendes que je récupère à la moindre effraction. Ah, j'oubliais, pendant ma discussion avec John et Ponch, trois scooters ont grillé des feux rouges, trois 4x4 sont passés en téléphonant au volant, et une petite Twingo a grillé consciemment le feu où nous étions stoppés. Ah, j'oubliais aussi, John et Ponch m'ont bien sûr expliqué qu'ils m'arrêtaient pour protéger autrui et ne pas l'escorter par ma faute aux urgences. C'est vrai, avec le 4x4, autrui n'aurait sans doute même pas eu besoin d'y aller. Mais les chauffards, eux, n'ont rien eu à payer. Ils sont électoralement plus rentables?

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